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Poèmes dimorphes
Version originale en français suivie de sa traduction en anglais par G&J pour la communauté anglophone de Lpb.
Original French version followed by English translation by G&J for the English-speaking community of Lpb.
POÈMES DIMORPHES
Non, pas de rêve en vue, donc
pas de terre sous nos pieds,
pas de terre repue, nourricière, assouvissante.
À la place, lâchons-les:
des feuilles résolues vont se former,
des jambes profanées dans l'eau
emportent le courant.
Quelque ornement suffit en espérant
l'incandescence.
La pauvreté ne manque pas à l'annonce,
elle fait preuve juste de retenue
*
En prime acquis en parfait état de marche,
traits amoureux formellement garantis
pourvus de langage accumulateur,
simples objets indices d'étonnement.
Purs, sensibles, désignés sur le tas
leur victoire est totale.
Générateurs de directions ils dorment
mais participent aux tirages.
Des invasions incessantes
permettent leur réception,
en cas de non convenance.
Peut-être éviteront-ils ainsi
toute erreur de branchement?
L’histoire débute, sur la grève ils s’exilent
sans amoncellements, en comptant
les fusibles.
Une nécessité de procès éclate
fabriquée avec des signes tout de même
récepteurs d’une emprise.
La révolte s’interrompt? Rien ne se passe
*
Sans amoncellement de fusibles,
au comptant, la sérénité éclate
sans besoin de procès.
Que de signes pourtant !
Il serait insoutenable de deviner
— trop sûrs de notre fait —
leur sens de tout premier choix
en invoquant l'intérêt collectif,
devenus nous-mêmes récepteurs
d’une semblance, d’une frontière
*
Suspendues à nos plaintes,
les substances absorbées, sélectives,
jaillissent autonomes.
Quelle prophétie étonnante!
C’est une preuve que
aux deux tiers, les points cardinaux
diffuseurs d'un langage standard
— et c'est peu dire —
expriment une surface.
Poignant poignard tu ne manques
pas de poigne.
Une image qui lacère le temps
en radieuse attention divisible
fait crisser des fétus lors
qu’un cuisant hasard déjoué
exprime un fait résolu : le feu ne brûle.
Si la couleur immédiate est réelle
la stratégie étoilée devient illusoire
*
Que faire avec
Argile, buissons, amoncellements
( certains font preuve d'unité )
Pourquoi les surveiller,
fraterniser avec eux?
Quelques mots spontanés sont mis en place.
L’effondrement de l’effort
salue la page, la garde.
" Sauve, salue, " — mais non, voyons —
plutôt emmaillotés que fous !
Notre arsenal, nos formes
se découplent à genoux.
À l’insu du repos
on s’en étonne encore
*
A l'issue du repas rien ne m'étonne.
Puisque la vérité est à l'intérieur de cette armoire
impassible mais instable, si je prononce le mot «usufruitier»
dois-je ensuite l'avaler aussitôt mastiqué ?
Des chemises repassées en attendant fleurissent
sans permission. Par ordre alphabétique s'organise
l'action du camphre.
La Marée bien-pensante est une mine sans fin,
des tonnes de matériaux restent fixées aux parois.
L'émotion crée alors causes, natures, traitements.
Invisibles aux yeux nus, des cintres en contrepente
font basculer l'assaut des mites
depuis le hors-feu de l'armoire suivante
*
Ce béant oiseau résolument arboricole
chante et résonne complet dans son attente précise.
Un coup dans l’aile ce n’est pas long, tenez,
ces rosiers sont des gens endimanchés.
Ils inspirent une douleur qui deviendra pareille
aux épines qu'ils proposent.
Mensonges, venez vous mesurer à eux,
rouge demeure l’ostensible assurance.
Nous entraînons d’autres comparaisons
en acceptant un ordre, une impression
d’à moitié fait, dont la beauté s’empare.
Bien entendu, alors, examinons l’étau
que cette même impression
par son poids représente.
Il persiste, c’est vrai, une exigence de faux
*
Humble matière blessée commence à me ronger.
Brûle défie esprit libre, ce qui pousse sans arrêt
et condamne à l’hommage précis corps inculpés.
Définissons — pire que le mal — cette tyrannie latente.
Arbre-écorce puis barque aussitôt envahis, embrassés.
Édifices ébahis chacun de leur côté, regardent.
Pour preuve leur silence.
Pas d’ennemis en vue
*
Léger entrebâillement
des portes dégondées.
Or pour écrire il faut
signifier l'innocence.
Un hochement de tête
représente la grâce.
Mime sans fin l'amie
lutte sans fin.
Domaine privé s'accorde
à l'étrangère vie
et adopte à cet instant
une brasse puissante
d'après l'original
*
Et jusqu'ici nous sommes blessés.
Pour une bouchée de pain mise en commun
tous les pouvoirs apparaissent.
Lancer le javelot, glaner.
Au tir à l’arc la promptitude s’impose.
La bonté humaine comparée à cette étreinte
est une drôle de prison.
Tout ordre acquis, donc toute pierre en dentelle
lutte sans fin
*
Te souviens-tu d'une forme à préciser, tant espérée?
Une attaque grandissante sous une vague tressée
consolidait les verges, la vie en coula.
Une fois pressentie dans un ordre groupé
l'eau fut innocentée à l’endroit où un outil
en faux diamant forgea impondérable
une onde.
En silence l’eau parut une vague tressée
précisant son départ seulement pressenti
par une expression-colonne que la mer dénonçait.
Relative, restreinte, générale
forme exprimée.
Ses proportions nous gardent
de son attrait
*
Rescapés des tranchées
nous causons amusés
par l'élan déformant
des miroirs guérisseurs.
L'avais-tu remarqué?
Sur l'action fourmillante
notre élan se déploie.
Bien plus simple est le corps
qui dispose de lui-même
*
Depuis plusieurs jours
tremblement de nuages
à l'appel de la nuit.
Quelques fleurs se préparent
en dépit de l'odeur
à donner
pâmoison
moissonnage
oraison
à la vie
DIMORPHIC POEMS
No, no dream in sight, so
no soil under our feet,
no earth full, nourishing, satisfying.
Instead, let them go:
resolved leaves will form,
desecrated legs in the water
carry the current.
Some ornament is enough hoping
the incandescence.
Poverty is not lacking in the announcement,
she is just showing restraint
*
Bonus acquired in perfect working condition,
formally guaranteed love traits
with accumulator language,
simple objects signs of astonishment.
Pure, sensitive, designated on the job
their victory is complete.
Generators of directions they sleep
but participate in the draws.
Constant invasions
allow their reception,
in case of unsuitable.
Perhaps they will avoid so
any wiring errors?
The story begins, on the strike they go into exile
without piles, counting
the fuses.
A need for trial breaks out
made with signs all the same
receivers of a hold.
The revolt stops? Nothing happens
*
Without a pile of fuses,
for cash, serenity breaks out
without need of trial.
So many signs yet!
It would be unbearable to guess
—too sure of our fact—
their sense of first choice
by invoking the collective interest,
became receivers ourselves
of a semblance, of a border
*
Suspended from our complaints,
the absorbed, selective substances,
flow autonomously.
What an amazing prophecy!
This is proof that
two-thirds, the cardinal points
standard language broadcasters
—and that’s an understatement—
express a surface.
Poignant dagger you have plenty
of grip.
An image that cuts through time
in radiant divisible attention
makes squeack wisps when
a foiled nasty chance
expresses a resolute fact: fire does not burn.
If the immediate color is real
the star strategy becomes illusory
*
What to do with
Clay, bushes, piles
( some show unity )
Why watch them,
fraternize with them?
A few spontaneous words are set up.
The collapse of the effort
salutes the page, keeps it.
"Save, salute,-- but no, let’s see --
rather swaddled than mad!
Our arsenal, our forms
decouple kneeling.
Without the knowledge of rest
it is still surprising
*
At the end of the meal nothing surprises me.
Since the truth is inside this cabinet
impassive but unstable, if I pronounce the word «usufructuary»
Should I then swallow it immediately chewed?
Shirts ironed in the meantime bloom
without permission. Alphabetically organized
the action of camphor.
The Thinking Tide is an endless mine,
tons of materials remain attached to the walls.
Emotion then creates causes, natures, treatments.
Invisible to naked eyes, plywood hangers
topple the attack of moths
from the fireside of the following cabinet
*
This gaping bird resolutely arboreal
sings and resounds complete in its precise expectation.
A blow in the wing is not long, here,
These roses are dressed-up people.
They inspire a pain that will become like
the thorns they propose.
Lies, come and compete with them,
red remains the obvious insurance.
We lead to other comparisons
by accepting an order, an impression
of half done, whose beauty takes hold.
Of course, then, let’s look at the vise
that this same impression
by its weight represents.
It persists, it is true, a requirement of false
*
Humble wounded matter begins to gnaw at me.
Burn defies free spirit, which keeps growing
and sentenced to the precise tribute body indicted.
Let us define—worse than evil—this latent tyranny.
Tree-bark then boat immediately invaded, kissed.
Buildings amazed each on their side, look.
As proof of their silence.
No enemies in sight
*
Slight yawning
of unhinged doors.
But to write one must
signify innocence.
A nod of the head
represents grace.
Endless mime the friend
endless struggle.
Private domain agrees
abroad life
and adopt at this moment
a powerful breaststroke
according to the original
*
And so far we’re hurt.
For a shared bite of bread
all powers appear.
Throw the javelin, glean.
In archery, promptness is required.
Human goodness compared to this embrace
is a strange prison.
Any order acquired, so any lace stone
struggles endlessly
*
Do you remember a shape to specify, so hoped?
A growing attack under a braided wave
consolidated the rods, life sank.
Once approached in a grouped order
the water was cleared where a tool
faux diamond forgea imponderable
a wave.
In silence the water appeared a braided wave
specifying only his anticipated departure
by a column expression that the sea denounced.
Relative, restricted, general
expressed form.
Its proportions keep us
of its appeal
*
Trench survivors
we talk, amused
by the distorting momentum
of healing mirrors.
Did you notice that?
On the swarming action
our momentum is spreading.
Much simpler is the body
that has itself
*
For several days
cloud tremor
at the call of the night.
Some flowers are being prepared
despite the smell
to give
pale
harvesting
prayer
to life
Rosalia Domenech Margui
Trad. G&J