Le dépôt
Cinéma. Le bel été.
Le bel été, c’est un été à Calais près de la jungle.
Les protagonistes se baignent, des petits chemins de campagne, des maillots de bain des amours.
Les couples se forment/dévoilent peu à peu, le désir entre, les corps blancs et les corps noirs naviguent à vue.
On épelle, apprend le français, cuisine, on vaque aux choses de la vie.
Les langues étrangères ne sont pas traduites, à quoi bon, on comprend. L’image cinématographique acquiert son statut plein d’image, parlante.
Corps filmés de très près, aimés de très près.
Les migrants sont à égalité avec les accueillants, leurs corps sont à visages ouverts, leurs corps à tous se mêlent s’aiment travaillent aux champs mangent une glace vaquent aux choses de la vie.
Celui qui parcourt de petites routes de campagne à vélomoteur, trace un travelling pur, calme et vert, il est juste un humain jeté sur les routes de France, il approfondit l’instinct des campagnes calmes.
On s’enlace, fabrique des objets d’art, se masse, répare le vélomoteur.
Tout est dit, sans mots.
Une légèreté des corps, des jours, des actes. En contradiction pure avec les enjeux liés ordinairement aux migrants. Tout devient simple, on vit ensemble, on mange on dort ensemble. On gravite dans l’acceptation.
Les paniers pleins de baies de sureau on peut les porter sur la tête.
Les bains de mer ont le goût des miracles ou des départs, des échappées transitoires, de la peau mêlée de sel et de falaises et de galets, de la mer intransigeante.
à propos de Le bel été, Pierre Creton, 2019.