La
page
blanche

Le dépôt

PAGE NOIRE

La Page Grise

La Page Grise 63




La Page Grise




 




 La Page Grise, supplément de la revue La Page Blanche dans l'édition papier, met en lumière des textes qui sans ça resteraient dans la zone grise de la poésie, de par leur format, leur thème ou leur finalité. Elle répond au besoin d'une vision non manichéenne de l'édition, et offre un espace non-normé entre la revue et les éditions Lpb.

 La Page Grise est une longue page d'expérimentations littéraires, et offre ses colonnes aux débuts prometteurs comme aux fins assumées. Elle se veut tremplin pour ce qui a besoin d'élan pour s'élancer, mais aussi page d'accueil pour ce qui ne trouve pas de place ailleurs dans le paysage littéraire.








#1 SARDANE DU MINIMALISME



Poètes de Lpb

PRÉAMBULE À LA SARDANE DU MINIMALISME






Voici une excellente idée que de pousser la théorie du minimalisme à son paroxysme.

Patrick Modolo


Ma vie est un pois perdu parmi des millions d’autres pois 

Yayoi Kusama


écrire pour ne rien dire - ou presque

Daniel Lewers


mots en poussière rendus à ce qui scintille

André du Bouchet


rendre « simples », accessibles, claires et compréhensibles des réalités particulièrement complexes

Alain Berthoz


La miniature est un des gîtes de la profondeur

Gaston Bachelard


La goutte de lumière vaut mieux qu'un océan d'obscurité

Joseph Joubert


 PS MNMLST

(poésie minimaliste)





AVIS

Par Pierre Lamarque



I.



On parle de minimalisme en littérature, poésie, peinture, sculpture, musique, danse, architecture, design, cinéma... et art rupestre.


Donner une définition au minimalisme en poésie ne sert à rien tant la simple forme minimaliste sur la page est évidente. Le minimalisme est un état d'esprit. Un goût partagé. À l'intérieur de cette notion facile à comprendre l'intérêt se trouve dans ce que chacun projette sur le sujet, ce que chacun apporte comme réflexion sur le sujet, ce que chacun propose comme exemple sur le sujet. Le minimalisme est une esthétique que tout le monde peut comprendre et que tout le monde peut défendre. Autant je n’aime pas le minimalisme d’imitation (qui imite le haïku et les formes brèves d'extrême orient) autant j’aime les évocations que peut faire naître le haïku traditionnel… aujourd’hui la forme haïku du levant est aussi dépassée que la forme sonnet du couchant mais ces formes anciennes gardent leurs lettres de noblesse… je ne suis pas étonné que le haïku soit une forme prisée car les apprentis poètes qui le pratiquent aujourd’hui ont beaucoup à apprendre en suivant ce modèle mais ne seront véritablement poètes que lorsqu’ils auront dépassé le haïku traditionnel dans leurs exercices, notre revue Lpb ne peut pas accepter des haïkus présentés comme des créations alors que ce ne sont que des imitations d’un modèle ancien… Le haïku traditionnel est une façon d’entrer dans l’écriture de la poésie minimaliste par imitation, pas une fin en soi, pas question d’écrire de la poésie minimaliste aujourd’hui sur le modèle rythmique et thématique du haïku traditionnel.


Il s’agirait de récolter des textes minimalistes, soit de théorie 

soit des poèmes minimalistes, soit les deux en un…


Dans ce livre, nous intercalerons des phrases sur le minimalisme et des poésies minimalistes…


Exemples de minimalisme, textes proposés par Alexandre Poncin :



élague donc

parmi les branches

celles qui ne savent plus

 

ni recevoir

ni donner


*

jachère du salon

 

l’ébréchure excède le verre couché le miroir brisé l’orchidée fanée

 

toutes les surfaces sont coupantes

solitude comprise


*


dépôt blanchâtre

sur un bloc musculeux d’angoisse

glaçage acidulé

 

le sexe aux bords émoussés

dépression.




ou encore, un texte de Maheva Hellwig :


décider un mouvement à reculons

Pour compenser






II.


Je crois que se projeter en avant quand on marche est un geste minimaliste !


On peut dire que le minimalisme est un geste, pas un geste long, un geste court…


(La geste des troubadours, en latin gesta, est "une action d’éclat accomplie". Le sens historique des vers tient en ce que les vers devaient être rythmés et rimés de façon à permettre la mémorisation - le texte était oral dans les temps reculés - aujourd’hui le texte est électronique, il n’y a plus l'ancienne contrainte de mémorisation par la rime et le rythme, tant mieux, le canevas a changé, le tissu, le texte, n'est plus le même)


Il y a beaucoup à imaginer et à dire sur la question du peu… il y a beaucoup dans peu…


Il s’agit d’un travail de longue haleine, un essai collectif sur le minimalisme écrit pour être édité aux éditions LPB .


Il s’agit aussi d’une sardane qui a commencé le 12 janvier 2022, elle alimentera le recueil-essai sur le minimalisme. Ce recueil-essai sera véritablement plus ouvert qu’un essai écrit par un seul.


Comme dit le poète Rumi - que cite Andreea Buse :


Tu n'es pas une goutte dans l'océan, tu es l'océan entier dans une goutte. 



III.


L’essai sur le minimalisme est centré sur une réflexion sur ce que peut-être et ne pas être le minimalisme…

De rares essais sur le minimalisme en poésie à ma connaissance ont été publiés sur le sujet en France.

"Pour en finir avec la poésie dite minimaliste » de Jan Baetens,

Le Récit minimal Du minime au minimalisme. S. Bedrane et alii (dir.), Littérature, arts, médias - Presses Sorbonne Nouvelle,

Citons aussi au Québec : J. Przychodzen, De la simplicité comme mode d'emploi. Le minimalisme en littérature québécoise.

Revue des Sciences humaines, 304: F. Villain (dir.), Le dire du peu


On peut trouver des références au minimalisme sur le site Fabula.org avec des travaux sur des notions telles que le vide, le neutre, le silence, la brachylogie, le blanc, la blancheur, l'écriture blanche, l'écriture plate, la béance, la réticence, le manque, l'esthétique du fragment, l'esthétique de la simplicité, les formes simples, la lenteur, l'idiotie, la naïveté, l'extrait, la citation, l'anonymat, le hasard, le réel, autant de lucarnes sur l'art (du) minime.


En France, autour des années 1980, s’amorce une réaction aux principes esthétiques du Nouveau Roman, opérant une récupération des éléments principaux du récit. Sur le plan formel, l’écriture minimaliste se distinguerait alors par une intrigue réduite à ses composantes essentielles, par la présence d’une tonalité neutre, à laquelle contribue l’emploi de la litote et de l’ellipse. Sur le plan de la construction narrative, le roman minimaliste se qualifie en outre par un va-et-vient entre la continuité et la discontinuité du récit, à l’origine de sa nature fragmentaire.






Le Récit minimal


Le récit minimal peut constituer un point de départ ou un point d’arrivée. Du point de vue de l’analyse du discours, il indique le minimum nécessaire pour qu’il y ait récit – à l’oral, à l’écrit et en images ; il s’agit d’un minimum à partir duquel le récit se différencie de la simple annonce ou de la description et offre la structure qui peut se compliquer ou se ramifier en d’autres récits, pour aboutir à des récits plus riches. Mais d’un point de vue strictement esthétique, le récit minimal implique un point d’arrivée, le résultat des métamorphoses du récit traditionnel du XIXème siècle, l’avènement du récit moderne et l’art subtil du sacrifice. Il signale alors une réduction minimaliste des fastes narratifs des récits fondés sur les actions, les mouvements et les motivations des personnages (avec morale conclusive plus ou moins évidente). L’écartèlement entre les deux directions du récit schématise d’un côté la voie du roman épique, picaresque et historique du XIXème siècle, de l’autre celle de la nudité de Beckett – un récit indécis, « entre inaction et non-événement ». Mais le penchant pour l’inaction, l’indécision, les chutes de la volonté, la débâcle de l’intentionnalité, la fin du drame conçu selon le principe aristotélicien de l’action et de la péripétie, sont aussi les traits caractéristiques du début du romantisme, avec des personnages fêlés par l’ennui, rongés par le doute, incapables d’agir, tels René et Adolphe. En outre, les productions littéraires et artistiques les plus diverses peuvent coexister et se déplacer dans un mouvement en spirale, les retours étant toujours possibles, même si c’est à un niveau différent de la spirale : une certaine littérature ou drame ou cinéma postmoderne, tout en participant de la fin d’un récit fondateur, multiplie en cascade des récits et des fragments de récits – tels, par exemple, les derniers romans de Pynchon ou de De Lillo, contemporains des romans et des drames sobres et presque pauvres de Jon Fosse.


Patrizia Lombardo




Ce recueil-essai est écrit par un collectif d’auteurs invités au dépôt du site La Page Blanche… chacun pouvant apporter son point de vue théorique, poétique .


Autres exemples historiques de poésie minimaliste :



il s’absente     il se regarde passer      rien  

un besoin de saisir


Claude Royer Jourmoud ( Le renversement)


*


lighght


Saroyan


*


M SS NG

Voleur !


George Swede





*


                ballon!

      

     Accrochez-vous bien à votre


Adam Gamble





IV. 


« Raymond Carver était minimaliste parce que ses récits n'ont aucune saillie, aucun angle : les textes racontent le quotidien, sans recherche de "la phrase qui claque". Bukowski est quelque part dans cette lignée aussi, Brautigan évidemment, Carlos Williams… 

Le cas Carver est celui qui m'intéresse le plus : sa célébrité, il la doit à ses nouvelles et non à ses poèmes. Ses poèmes, par ailleurs, ressemblent à ses nouvelles, mais condensées. Or, sur sa tombe, il avait fait inscrire "poète avant nouvelliste".

Cela doit signifier quelque chose.

"Late fragment" est d'ailleurs un exemple de minimalisme:


Alors as-tu trouvé

Ce que tu voulais dans cette vie, malgré tout ?

Oui.

Et que voulais-tu ?

Pouvoir me dire bien-aimé, me sentir

Bien-aimé sur la terre. »


Matthieu Lorin - trad anonyme





FIN DU PRÉAMBULE À LA SARDANE DU MINIMALISME




SARDANE DU MINIMALISME



1.


   Le minimalisme en poésie comme en peinture est l'art de soustraire : moins de mots pour dire plus, et s'excuser de n'avoir le temps de faire plus court. Le mot est dense, compact et crée autour de lui une distorsion de sens où l'espace blanc environnant vient s'étirer, laissant place à la polysémie, l'interprétation, la subjectivité. Le minimalisme est l'aboutissement du processus itératif de soustraction de tout ce qui n'est pas absolument nécessaire au vers : un concentré de sens, une essence poétique.


Air.


2.


Le travail du poète consiste à ouvrir la réflexion dans le resserrement de son expression.


Patrick Modolo


3.


La pluie tant attendue

après les semaines de canicule commence

doucement

à tomber

sur le sol qui renvoie

au ciel

son odeur d’été

de foin

de moisson

mélangée à l’eau

qui transforme en parfum tout ce qu’elle touche


Amandine Gouttefarde-Rousseau (Nagas)







4.


       j’ 

 j’     j’

         j'



Pierre Lamarque (Résidu)


5.

                                

J’étouffe 

J’étouff 

J’étouf 

J’étou 

J’éto 

J’ét 

J’é 

J


 Air 


6.

                             

manque

anque

nque

que

ue

e



Pierre Lamarque


7.

                            

cqfd


Pierre Lamarque



8.


je vois à travers des miettes de matière qui montent et descendent


9.


on ne trouve plus de murs pour tous les graffitis obscènes


10.


au delà on ne trouve que du noir poussiéreux




Constantin Pricop (Simple poème - extraits)    






11.    

                          

f

i

l

s

u

s

p

e

n

d

u

à

t

a

v

i

e


Patrick Modolo


12.


sur le fil sèche mon coeur fatigué


Patrick Modolo


13.


de fil   en  aiguille  s'écrit


Patrick Modolo



14.


Le minimalisme nous rappelle l'antériorité du silence - état originaire : chaque mot est compté, chaque mot nous en écarte.

Minimalisme : notre manque converse avec le vide (comme le végétal avec le minéral).

Minimalisme : ensauvager les mots en les faisant déchoir de leur statut de signe pour les ramener à l'état primaire de signal * (avec ce que cela comporte d'excitation, de faim, de joie et de peur).

*Par signal j'entends ce qu'on peut considérer comme l'ancêtre du signe, la part animale, antélinguistique du signe qui, contrairement au signe, ne représente pas une idée, n'est pas affaire de représentation générale, mais réfère directement à la chose désirée imaginée, hallucinée, traquée. Comme la fumée est le signal du feu, l'empreinte laissée sur la neige ou la boue est l'animal pourchassé ou craint. 

L'amenuisement de la langue dans le minimalisme rappelle et convoque cette notion "sauvage", animale, de signal (d'avertissement, de point de départ de l'action, etc..). 

Cet extrême concentration de la langue, amenée à un point rare, aigu d'intensité court-circuite l'ordinaire, abstraite et générale signification pour les locuteurs humains. 

Ce que je chéris dans le minimalisme, c'est donc qu'il nous rappelle que l'écriture a une part sauvage, animale et désirante, qui rappelle la chasse. L'écriture vive, minimale, fragmentée est un guet, un affût, un bond et une dévoration ou une fuite dans le silence. 

Minimalisme : frayer dans le vide avec le moins d'illusions, de triche possibles ; se tenir au plus près de l'asphyxie.

Minimalisme : lézardes, fissures qui donnent à voir - à toucher peut-être ? l'empan givré du silence.

Minimalisme ou la parole est d'argent. 


Alexandre Poncin


15.


Concéder la présence de forces qui te retiennent d’en dire davantage.


Alexandre Poncin


16.


je crois à l’entrée en résonance

à l’entrée

en évidence

à la toute transparence

je crois comme Trakl

qu’on peut boire le silence de Dieu

je crois

qu’il faut habiter la lumière

par un long questionnement

sans réponse


Zéno Bianu – Infiniment proche – Le désespoir n’existe pas

extrait - Poésie/Gallimard, 2016



17.


Le minimalisme est une éthique de comportement avant d’être une sensibilité artistique - les deux sont liés.

Le minimalisme est une façon d’être… (sobriété, simplicité, suggestion, ouverture )


Pierre Lamarque



18.


je m’exclame et crie soudain

dans une glaciale caisse de bois :

« un lecteur ! des conseils ! un médecin !

sur l’escalier d’épines parlez, parlez-moi ! »


Ossip Mandelstam, 01 fev 1937 Les Cahiers de Voronej (Circé, 1999) - Extrait- Traduit du russe par Henri Abril.


19.


rien qu'un peu

de pluie

un verre d'eau

pour colibri

et une seule goutte

d'amour

dans un ciel

tout gris

oui rien qu'un peu

de vent

qui monte 

qui descend


*


SE TAIRE


plus rien  

qu'un mot  

petit comme le pli  

d'une paupière 

la musique blanche

éteinte sur un quart de ton

découpé encore

je vous raconterai

et du soir rien à ajouter

à ces deux lignes

faisant dix mots

qui en disent déjà assez

c'est faux 

car il faut bien

y ajouter

ceci ou cela 

c'est selon

se taire

joues mordues

de l'intérieur

c'est l'heure de se taire

c'est faux de se taire

c'est vrai que c'est faux

de se taire

rien à ajouter


Jérôme Fortin







20.


Il avait souvent tenté 

D’escalader la Grande Ourse 

Mais il atterrit soudain 

Dans cet humble jardinet 

Et commença peu à peu 

À savourer l’ordinaire

         *

Il a toujours un sourire 

Sur son visage secret 

Ce petit garçon des rues 

Il a toujours un sourire 

Malgré l’hiver si sévère 

Et sa chaussure trouée

          *

C'est un tout petit poème

Il ne parle pas beaucoup

Mais au monde dit "je t'aime"

Et se récite partout

C'est un tout petit poème

Il n'est ni impressionnant

Ni serti de vives gemmes

Mais il a un coeur d'enfant

          

Victor Ozbolt




21.


Expressionnisme - poétique : manière de présenter ses idées ou ses sentiments ou ses émotions par divers moyens : l'attitude du corps - poétique, la mimique du visage : des images - poétiques, bref, la manière de se manifester dans l’espace - poétique.

Expressionnisme - cet art « dégénéré » (Van Gogh) et minimalisme - cet art « négligé ? » , sont liés à l'effraction du réel par pression du suc - poétique. Expressionnisme, minimalisme, sont des styles liés - poétiques, hypercommunicationnels, et sont des faits - poétiques.

L’attention portée à la forme des poèmes de Jean-Michel Maubert est une constante dans sa poésie "du réel" et est significative de sa manière de dire, sa façon expressionniste de peser ses mots sur la balance de l'espace blanc et noir. Intensité de l’expression des sentiments, de la pensée et de certains aspects de la réalité par opposition au respect d’un code formel de langage de communication quotidienne.

L’expressionnisme est le reflet d’une époque.

Notre époque menaçante (première, deuxième, troisième guerre mondiale). Le minimalisme est une protection constante contre la menace qui a toujours existé. Expressionnisme et minimalisme sont des façons de penser.


Pierre Lamarque





22.


À propos du poème "Creuser"


 L'intention du texte étant de creuser la langue pour en extraire une autre langue, je comprends tout à fait que cela puisse ne pas être apprécié. Les idées de cassure, contraste, dissonance, m'intéressent particulièrement d'un point de vue esthétique. Un peu en écho avec ce que le cinéma expérimental ou David Lynch font avec les images. Je suis un enfant de l'expressionnisme, marqué au fer rouge par les poèmes de Trakl et de Benn.


Jean-Michel Maubert



CREUSER [poème]


creuser comment c'est seul creuser ramper proche de la surface d'abord s'enfoncer persévère image dehors collines blocs de ferrailles ciel balbutiant grincements ça frotte casse roulements et cogne s'écrasent tôles compression creux cette glaise bassin cratère boue buvant l'eau au bord chien lapant silhouette découpée noire mâchoire s'ouvre baille vers une haute lueur étouffée cet aplat l'éclat froid ciel gris œil noir qui te regarde t'enfoncer interrogateur creuse c'est un début


Jean-Michel Maubert

(extrait)





23.


les fleurs          glacées

 

 

 

     de l’hiver

 

 

tourbillonnent

 

 

 

 

 

          elles tombent

 

 

 

     minuscules         sur le sol

 

 

 

drapé           de blanc

 

 

 

 

     s’accumulent        sur le sol

 

              

 

paré            d’une robe

 

 

 

                  gelée


Simon Langevin






24.


une main          souligne

 

 

 

     d’un geste     bref

 

 

 

          toute   la complexité

 

 

 

              d’une   pensée

 

 

 

                  vive

 

 

 

                  d’une   émotion

 

 

 

 

 

                       longue

Simon Langevin








25.


je sais       

 

     le serpent     

 

 

 

     irisé

 

 

 

insinuer       lentement

 

 

 

 

 

          les territoires

 

 

 

 

 

 

                  mondiaux

 

Simon Langevin




26.


rien à dire

à donner à penser

idiote

irréparablement uniquement idiote

je n'ai rien vu

et pourtant il y a quelque chose


Isabelle H



27.


Bon anniversaire Annelaure

désir rien

désir manquant

absence de tout bouquet

sauf de gros flocons il neige


Isabelle H




28.


forcer le spectacle d'un sens

ou d'un non-sens

différé, fissuré, retardé

osons


demain


Isabelle H




29.


Walaɣ snat n teḥdayin

J’aperçois deux filles

cbant tisekk wrin

Telles des perdrix

la ilah a illa Llah

 ...Il n’y a pas de dieu hormis Allah

 

 Lsant llebsa n tṛumiyin

Habillées à la française

bḥal tibiljikin

Elles ressemblent à des Belges

 Muḥemmed Ṛasul Llah 

...et Mahomet est l’envoyé d’Allah !

 

 A w’iṭṭsen yid-sent saɛtin

Je rêve de deux heures avec elles,

 yeẓul neɣ yeqqim

À oublier mon moment de prière,

a Ṛebbi ssteɣṛ Llah 

...que Dieu me pardonne !


Si Mohand 

Adli - Errance et révolte, trad Vermando Brugnatelli, Alger, mai 2001, Edif 2000,



30.


Chapeaux inox

Chapeaux inox

Protègent contre la rouille

Chapeaux de brume

Chapeaux de brume

Ainsi je pense

Chapeaux bête

Chapeaux animal

Pour qui fait la bête


Pascal Nordmann



31.


Proposition minimaliste, légèrement maximale mais pas trop

Par jeu et par devoir, puisque nous aimons à définir et répéter les termes de notre condition dans des poèmes, des romans, des films et autres, nous nous devons d'être minimalistes, faisant ainsi mémoire et écho à l'infinie litanie des brisures, aux sempiternelles cassures, hachures, renoncements, accommodements et divorces qui peuplent nos existences au point que brisure, cassure, hachure, renoncement, gel, enterrement, divorce ou coup de froid pourraient être notre nom puisqu'en fin de compte nous sommes la version minimale de ce que serait la vie si la planète et nous-mêmes étions régis par les moineaux, les vers de terre, l'envoyé spécial d'une société de nuages, un chien qui fume, une souris savante, un bousier heureux, un brin d'herbe rose ou toute autre espèce raisonnable.


Pascal Nordmann



32.


de l'air      à l'eau        à l'encre


Pierre Lamarque

33.


PETITE VIE


Il fait un petit peu froid

On va

Un petit peu rentrer

Dans notre

Petite maison

On fera

Un petit feu

On préparera

Un petit repas

On parlera

De nos petits projets

Le mien

C'est de tout faire péter.


Florentine Rey


34.


mon soixante et unième est un miroir sans reflet

mon soixante-deuxième réfléchit tout le temps

mon soixante-troisième cherche une ressemblance

et mon tout ne sait pas ce qu’il est

 

 

—  qui suis-je ?


Julien Boutreux



35.


NOTULE - LE MINIMALISME FIGE LE TEMPS - Les faits parlent d'eux-mêmes

Nous avons excité des bouts de phrase avec des impulsions ultra brèves, de l'ordre de l’attoseconde. En absorbant du sens, la phrase est brutalement excitée et cède un mot. Elle est ionisée. Nous sommes parvenus à enregistrer l’éjection des mots, et cela dans toutes les directions. D'où l'aspect 3D. Par la même occasion, nous avons démontré que l'éjection n'est pas instantanée. Elle peut se dérouler en quelques femtosecondes si le mot éjecté est d'abord piégé par la phrase avant de s’échapper. Cet aspect était juste qu'ici inconnu.


Groupe de recherche sur le minimalisme

(société de savants et gens de lettres de La Page Blanche)




36.


La rose est sans pourquoi, fleurit parce qu'elle fleurit

N'a souci d'elle-même, ne désire être vue


Angelus Silesius




37.


vaste de l'océan qui m'habite

à chacun de mes naufrages

remonte à la surface

l'allégresse


Susy Desrosiers




38.


Un poème minimaliste est un texte court débordant de sens.

(L'homme est mauvais conducteur de la réalité. Pierre Reverdy)


Pierre Lamarque



39.


Territoire occupé

 

terres brûlées

mer rouge

 

ronces dans la gorge

regard plombé d’effroi

barbelés

déchirure au ventre

il déifie la mort

fêlure dans la nuit

une courte existence

un coquelicot


Susy Desrosiers




40.

 

Rien de plus grandiloquent qu'un slogan, qu'un argument publicitaire ou politique résumé dans la plus brève des formules. On dira qu'en de tels cas, le raccourci de la formule est au service d'une intensification de l’expression; sans doute. Mais la grandiloquence est toujours présente quand le contenu lui-même de ce qu'on veut exprimer est non pas enflé mais au contraire minimisé et comme miniaturisé. En sorte que l'effet de grandiloquence peut être obtenu aussi bien par réduction que par extension (...) La langue latine n'est pas la langue du délayage et de l'enflure, mais bien celle de la concision et de la sobriété. Et le latin est pourtant la langue grandiloquente, et ce en vertu de sa concision même : condamné à résumer il ne peut manquer de caricaturer, d'enfermer la multiplicité du réel dans des formules nécessairement sommaires, approximatives et conventionnelles. (…) Il s'agit seulement de montrer le lien qui relie, en cette circonstance, la grandiloquence à la concision. Un adjectif qui caractérise bien la langue latine, suffit à exprimer ce lien : monumental. La langue latine est « monumentale » parce qu’elle est brève : l'aptitude à tenir en peu de mots ne faisant qu'une avec l'aptitude à se graver dans la pierre des monuments (le mot « lapidaire » , on le sait, résume cette double aptitude). Ce qui est bref est monumental, et ce qui est monumental est grandiloquent. On peut en conclure légitimement que ce qui est bref est grandiloquent, ou du moins risque de l’être.

 

Clément Rosset - Le Réel, traité de l’idiotie - Les éditions de Minuit



41.


ANNIVERS’AIR


Flocons d'années

Tombés à terre

Pas plus que la neige

La vie ne tient:

J'en ai comptés

Quarante et un


Air.




42.


un lourd     silence     blanc 


Patrick Modolo




43.


La véritable élévation du style se caractérise par une rapidité qu'on peut comparer à celle de la trombe ou de la foudre.


Traité du sublime XI-XII - Auteur anonyme - Premier ou deuxième siècle après Jésus-Christ.



44.


FIN D'UN MILLÉNAIRE


Il suffira de trois minutes pour un flot rouge. L'horizon pâlira. Ce sera l'heure de partir. Les étoiles reprendront leur place dans la nuit.


Ingrid Reuilly



45.


PÈRE


Au détour d'un sentier homme qui fourre son poing dans nos poches pour y laisser un vestige, carcasse de libellule, timbre en son galet, piécette, que sais-je.


Ingrid Reuilly



46.


LE VENT


Il aurait bien soufflé, craché, alors que faire d'autre quand on est épuisé et moulu, sinon se reposer. Cette nuit mon amour dormirait sur une vague.


Ingrid Reuilly



47.


ÉTRANGE RENCONTRE


Rayon Catégorie Oct Nov Déc

Fruits et légumes Légumes 30000 80000 30000

Fruits et légumes Fruits 10000 30000 40000

Boulangerie Pains 30000 15000 20000

Boulangerie Desserts 25000 80000 120000

Épicerie Sandwich 80000 40000 20000

Épicerie Salades 90000 35000 25000

Viande Bœuf 90000 110000 200000

Viande Poulet 75000 82000 150000



Envolée du rossignol philomèle


Ventre clair tacheté de sombre dos brun

dessous de l’aile roussâtre


dos brun 

sourcil blanc gorge rouge poitrine grise


ventre clair queue roux marron

poitrine unie 


dos brun clair.



*


Pour Pierre 


détourné à son avantage

des images

par ailleurs c’est sûr les images

sont aussi une source de rêverie 


et de et de et de comment dire, oui

d’imagination et de récit

imaginaire évidemment.


*


Je veux lire


je veux lire je veux lire

je veux lire je veux lire


je veux lire je veux lire

je veux lire je veux lire


je veux lire je veux lire

je veux lire je veux lire


je veux lire je veux lire

je veux lire je veux lire


je veux lire je veux lire

je veux lire je veux lire


je veux lire je veux lire

je veux lire je veux lire


*




Je me protège


jemeprotègeilfautquejemeprotègejenepeuxfaireautrement

jaibesoindemeprotégerjeneparlepresqueplusetjemenfoncedans

lesilencedésoléemaiscestcommeçajenypeuxrien




*


Forme Déforme


Forme

Déforme

Balle

Mur

Balle

Mur

Forme déforme 

Forme déforme 

Balle 

Mur

Balle

Mur 


*


Coucou


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*


Mot espace au carré


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*


31° 7 - 17 H 09


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Isabelle H




48.


Le pied sur le sentier

                           

                  Arpentant le chemin

 

 

            Portant 

                       Suant                              

                            Grimaçant  

                                       Souriant

                                                  Le nez au vent

 

 

                       Sentir            

                             Son corps                   

                                      Exulter

 

 

     Non pas de joie

 

                   Non pas de douleur

 

 

                             Mais de cette infusion étrange

 

                  Complexe mélange

 

 

                          Engendrant

   

                                          L'être                                                                

 

                        Là                                 

            

 

                           Entre soi et le monde



Audrey Dumont











49.

 

 

Jean-Claude Bouchard


















































































50.

 

Bertrand Naivin (textins)





51.


rien ne veau

à part la vache

rien n’émeu

à part l’autruche

et la vache aussi


Denis Heudré



52.


marcher à contresens 

à contremort 

parler à contrebouche 

écrire à contrepage 

rêver à contrenuit

 

devoir de jeunesse


Denis Heudré


53.


mille détours

absence

toujours maintenir

la parole en filaments


Denis Heudré



54.


un tas de neige tombe, un oiseau

s'apeure et s'évanouit. Rien de plus

beau aujourd’hui.


Tom Saja



55.


le seul silence du monde se trouve

dans la chute des flocons. Tout le 

reste n'est que bruit.


Tom Saja




56.


l’eau du lac peine à refléter ton absence

mes oiseaux se sont tus

hara-kiri d’un coup de plume.


Tom Saja




57.


Parce que chaque image que je ressuscite,

c’est une petite agrafe que je peux accrocher à mon cœur

pour l’empêcher de rompre.


Julie Cayeux




58.



Sept heures vingt

.

.

.

Sept heures vingt et un

.

.

Sept heures vingt deux



Maheva Hellwig


































59.


 


Tristan Felix



60.


Tout bouge roule doux sous le chiffre d’or . (et ma solitude est la plus pure    quand vous vous approchez de moi)


Clément Gustin



61.


Je fais de gros rêves qui sentent après leur passage

 

Je souille tout ce qui est à portée de ma conscience

 

Comme je suis seul à nettoyer après

 

On me dit nègre

 

Ou artiste



Guillaume Poutrain



62.


Ainsi le Peuple Riste est resté oublié et servant de la Cendre et la Suie. En Faim Toujours. Et ses Ombres Igrent. Igrent de plus en plus. Encore toujours vers la Ville. Et deviennent des Etranges.


Nathan Dartiguelongue



63.


 Nous sommes le produit d’un nombre fini de facteurs indépendants, considérant l’intangible possibilité que l’un d’eux seul soit nul.

       Sans voix.


François Desnoyers



64.


Déconstruire, déconstruire. Pour être, désassimiler les objets et raviver lumières, clignotement exacerbé de notre fragilité combative.

Déminer la consommation capitaliste et la société policière/policée. Cela flashe et cela rupture.

Allumer l’art.


Anne Barbusse




65.


nul n’entend la grande ode muette

très grande ode au non-être

parce que son chant est disparaître


Sandrine Cerruti









65 bis.


suture


(At the club silencio)

“Bondar : No hay banda! It’s all a tape. Il n’y a pas d’orchestra. It is… an illusion ! » Mullholland Drive, David Lynch, Studiocanal, Les films Alain Sarde, 2011


sutures

à cru

avant     oui

de justesse

dans la foulée de l’illusion fondatrice         celle de la biochimie sentimentale

suturés à vif        au fil non résorbable           parfaitement inaltérable

suturés les organes aux illusions

en points surjetés        appliqués         réguliers         tenseurs

suturés les organes jacasseurs souffleurs vibreurs résonnateurs

                                     aveux sous scellés


Sandrine Cerruti



66.


Comment supporter la structure chorale des sensations avec pour seul secours un épanchement intarissable?

Ainsi notre position se trouve-t-elle engagée entre conséquences contraires, compromise par signaux instables


Bien sûr je perds de vue les cercueils


Suspendu à bras de béances


Bruno Giffard



67.


Tes mots reculant

jusqu’à la scandaleuse absence.

La discrétion à l’état pur.


Jean-Louis Van Durme



68.


L’utilisation du présent de l’indicatif ainsi que les lettres majuscules ou capitales sont une constante dans mon travail. Ceci pour revendiquer une poésie droite, dressée, debout comme un acte de résistance, comme des stèles érigées, des slogans lancés. 


Stéphane Casenobe



69.


Mais quelle vie si l’effacement des lieux est bel et bien la dernière lueur ?


Quentin Baffreau




70.


Je suis parti avant qu’ils ne se réveillent.


Andrew Nightingale






71.


# SÉQUENCE N°3


Mon cœur appelle mes mains, en vain

ma tête supplie mes pieds

puis les somme de marcher

ma main fait signe à mon corps de s’arrêter comme pour s’appesantir dans l’illusion inopinée d’exister


vissée dans l’étonnement d’être, nulle part arrivée je ne sais où

paupières lourdes

je m’écroule.


Nessrine Naccach




72.


La rose-- 

Je l'avale par la tige 

son cœur de pétales 

Astre mort entre mes lèvres.


David Emmanuel




73.


Une pierre ébranle

la soie lactée

des anges

 

un soupir ébauche une trace

 

un autre horizon

qui déjà nous tutoie

 

entre incertitude et inéluctable



Christophe Condello




74.


Métro

banjo

dodo


Felix Musy




75.


Il ne me reste plus que quelques lignes

les derniers mots sont bégayés


Lolita Michel



76.


Foyer dans l’hiver

 

J’entends ronronner la maison menaçante : la chaleur de l’air sent la poussière et le soleil séché et les meubles sont pleins de pauvres secrets.

Dans le silence, mes pensées font un vacarme stupéfiant et, face aux ténèbres, mon désir d’absolu se précise.

Les yeux du chat sont à la fois des agates célestes et des éclipses de lunes.

L’amour semble être venu de très loin pour découvrir l’Eden caché ici.

Dans ma maison, le piano est tout à fait impuissant et la bibliothèque tentaculaire fait de l’ombre aux plantes émotives.

Dans ma maison, tu dors d’un sommeil en demi-teinte et je veille d’une écriture incertaine.

 

 

Révoltes

 

Le vent semble venir des profondeurs de la terre et la nuit s’ébranle comme un long train vétuste.

Les arbres sont à bout de nerfs derrière les volets exténués et je pense au préau de l’enfance où stagnaient les jours de pluie sous les automnes passifs.

Le vent est un fantôme de cheval insurgé, qui se rue sur l’espace et se cabre devant le temps.

Le silence pose à nouveau sa patte puissante sur la maison et l’avenir me chasse soudain hors de moi-même.


Marie-Anne Bruch 





 77.


Humains 1

 

Ce qui naît émerveille

Ce qui grandit préoccupe

Ce qui vieillit accable

Ce qui meurt bouleverse

 

 

Humains 2

 

Ce qui élève dérange

Ce qui protège enferme

Ce qui aide humilie

Ce qui révolte libère


Marie-Anne Bruch

 

 


78.


La sardane du minimalisme se finit, manquent encore quelques textes…Cette sardane thématique aura une conclusion… nous avons déjà une bonne idée du minimalisme des auteurs invités au dépôt de lpb, il y aura encore quelques surprises d’ici la fin de la sardane, presque tous les textes de cette sardane sont surprenants, le minimalisme surprend.


Pierre Lamarque


79.


celui que je ne suis plus

  

il a tant plu  en moi  que je m'y noie  un indicible chagrin  m'envahit sans

que je ne sache bien pourquoi

 

déraciné  déconstruit   désarticulé  déboussolé  démembré  détruit

quand donc finira la semaine ce vers m'habite me hante me poursuit me

terrifie quand donc finira la semaine

 

où suis-je donc où suis-je

 

 

 

acela care nu mai sunt

 

a plouat atât de mult   în mine   încât mă înec   o nedefinită întristare   mă invadează fără

să știu bine de ce

 

dezrădăcinat   deconstruit   dezarticulat   debusolat  dezmembrat   distrus

când deci se va termina săptămâna acest vers mă locuiește mă bântuie mă urmărește mă

terifiază când deci se va termina săptămâna

 

unde sunt eu deci unde sunt eu

 

 

 

je suis enfin devenu

 

peu  à  peu  renaissent  des émotions  et remontent  impalpables  je

deviens mon propre archéologue

 

où suis-je  qui  suis  -  je

 

 

 

am devenit în final

 

încet  încet   renasc   niște emoții  și urcă din nou  impalbabile   eu

devin propriu meu arheolog

 

unde sunt eu  cine  sunt  eu

 

 

 

celui que je ne suis plus

  

mes souvenirs   m'ont  quitté   impossible interaction

une émotion n'est rien  sans son souvenir

la peur  cette peur décomposition de l'âme   m'étreint

 

  

acela care nu mai sunt

 

amintirile mele  m-au părăsit  imposibilă interacțiune

o emoție nu este nimic  fără amintirea ei

frica   această frică descompunere a sufletului   mă îmbrățișează

 

  

Extras din « je suis enfin  devenu  celui que je ne suis plus » (tr. fr. am devenit  în final  acela care nu mai sunt » de Patrick Modolo, tradus din limbra franceză de Andreea Bușe


Extraits de "je suis enfin devenu celui que je ne suis plus" de Patrick Modolo, traduction en langue roumaine d'Andreea Buse





79 bis.



Phonèmes de F'âmes *

 

Elles dévalent légères

Des vallons austères

En poussant des cris si frais

 

De tessiture si claire

Que leurs voix d'éther

Ont d'un gazouillis le trait

 

Comme un ruisseau sur des pierres

Murmure dans l'air

Des spirantes pleines d'attrait

 

*Femmes kabyles in "Isfra des Amaroua", L'Harmattan, 1994

Marc Bedjaï




80.


«travail de ce type de sonnet asfrou : AAB AAB AAB pour les rimes et 7/5/7 pour les pieds impairs » 

Marc Bedjaï 


Travail du poète : maîtrise d'une forme ancienne de littérature berbère de Kabylie du XVIII ème siècle au service d’un minimalisme intemporel, fait de concision, de rythme, de suggestion ("cris", "tessiture", "voix", "gazouillis", "spirantes"). 

Que ce soit le haïku et autres formes brèves asiatiques ou le sonnet français ou le sonnet asfrou , ces formes anciennes n’ont plus leur raison d'être comme autrefois (excepté l’intemporel limerick) - ce sont des poésies orales faites souvent pour être chantées, fabriquées pour être mémorisées à l’aide de techniques (rimes, rythme pieds pairs et impairs, etc.) mais sont pour certaines créations contemporaines des exemples de valeur pour illustrer le minimalisme et s’y exercer.


Pierre Lamarque



81.



Il existe une fonction surprenante du langage minimal qui n’appartient pas seulement aux mathématiques : elle appartient aussi à la poésie.





81 bis.



La chanson du fou


J’ai essayé de mettre un oiseau en cage.

O imbécile que je suis !

Car l’oiseau était la Vérité.

Chante joyeusement, Vérité : J’ai essayé de mettre

La vérité dans une cage !

Et quand j’ai eu l’oiseau dans la cage,

O imbécile que je suis!

Eh bien, il a cassé ma jolie cage.

Chante joyeusement, Vérité : J’ai essayé de mettre

La vérité dans une cage !

Et quand l’oiseau a volé hors de la cage, O idiot que je suis!

Eh bien, je n’avais ni oiseau ni cage.

Chante joyeusement, Vérité : J’ai essayé de mettre

La vérité dans une cage !

Hé-ho ! La vérité en cage.


Williams Carlos Williams


trad G&J





81 ter.



 Ici Williams, un poète minimaliste, parvient à décrire quelle vérité peut être écrite sur la vérité. Le fou est l’avatar qui rôde, non pour sa folie, mais pour son exemple de vérité la plus abstraite qui puisse être écrite : la vérité que la vérité ne peut pas être écrite. Il encadre un fait inacceptable de la vie, et le fait assumer par l’idiot, puisque personne d’autre ne le peut. Cette poésie est une contribution épistémologique. C’est un avertissement sérieux à garder en tête lorsque vous pratiquez la science ou simplement parlez aux gens et essayez de dire la vérité. 


 Mon propre travail comporte la même idée que le minimalisme : chaque mot devrait avoir de nombreux goûts à la fois, comme la cuisine thaïlandaise. Il y a toujours du sel, généralement sucré mélangé avec de l’acide, et souvent mélangé avec de l’amertume, des épices, avec un mélange de textures et de températures, y compris cuit / cru et crème. 


Il ne fait aucun doute que la bonne cuisine nourrit l’âme, comme la poésie.


 L’essentiel, comme une vérité mathématique, se trouve dans la recette que nous écrivons pour nous instruire ainsi que les autres. Pourtant, l’essentiel élimine le goût. De la même façon que le Bouddha soutient que le fou confond le goût de la soupe avec la forme de la cuillère. Quelque part dans notre chronologie actuelle, nous avons commencé par respecter la recette ou une preuve mathématique essentialisée sur une expérience humaine comme le goût. Sans ce goût, où est le bonheur? Où sont les corps humains et la vie en général? La nourriture est l’une des sources les plus fortes et constantes de sérotonine. C’est une bien meilleure source de bonheur qu’une ruée vers la dopamine que vous obtenez en exerçant le pouvoir sur les autres sous forme d’argent ou de situation, en étant "connu" ou autre. L’ambition que nous atteignons en regardant des films soigneusement préparés et des nouvelles en ligne n’est pas ce que nous cherchons. Nous cherchons de la nourriture. Nous aimons être difficiles, mais nous avons perdu notre chemin. Nous valorisons la recette essentielle, les techniques de cuisine, les faits amusants sur l’origine et l’histoire de notre nourriture, et pendant que nous pensons à toutes ces choses, le goût a déjà quitté la langue.


 Ne vous méprenez pas, les idées sont une autre source de sensations. Nous profiterons d’un flux de conscience frais, rapide et bouillonnant, que ce soit en lisant ou en ressentant un de nos propres flux. Si nous avons bien cultivé notre flux en plongeant dans les nombreuses criques et courants des autres, nous commençons à sentir les nombreuses nuances du flux actuel dans lequel nous sommes. Plus nous savourons notre lecture et nos pensées plus nous avons lu, et plus nous savourons la saveur. L’idée qu’ignorer ces nuances dans la lecture à la recherche d’un essentiel, où les nuances sont liées ensemble dans un objet simple, est une sorte de révolution. Je crois que l’idée du minimalisme est que la forme de la cuillère (comme la façon dont elle tient dans votre main et se sent dans votre bouche) est aussi une esthétique, et l’analogie de Bouddha est imparfaite (comme toute analogie). 


 Mon propre travail cherche à troubler un débouché sur un essentiel. Prenons par exemple 

"Voilà la flamme la plus brûlante : des pensées qui blâment, des mots qui trouvent la faute, des paroles qui condamnent."


 Le problème, bien sûr, c’est que les mots se réfèrent à eux-mêmes, car ils condamnent. Ces mots contribuent à la connaissance comme exploration du pouvoir de la langue de condamner et de se condamner en même temps. Comment arriver à l’essence d’un langage qui trouve à redire, quand un tel langage s’inclut lui-même comme langage fautif, en se prétendant sans faute?


 Ce repli sur soi ressemble à l’habitude de l’esprit de se répandre sur le monde, sur la poêle où nous condamnons de la chair de poulet à brûler et à être mangée. 


 Il convient également de souligner à quel point le langage est simple, qui nous amène à un tel dilemme. Un enfant pourrait facilement, même accidentellement, se retrouver dans un tel casse-tête de condamner un langage qui condamne. Ma propre recherche (2019) sur les enfants aux prises avec des problèmes philosophiques difficiles indique que les enfants n’arrivent pas à une crise de pensée liminale. Ils méditent et continuent sans crise parce qu’ils restent dans le monde des sceptiques : le monde des 5 sens humains et l’expérience directe du monde, tenue au-dessus et en-dessous des théories dogmatiques des atomes ou de tout ce qui conduit les "instruits" loin des apparences données à un humain par ses sens humains.


 Avec la notion d’essences suffisamment troublées, aucun de ces travaux intellectuels n’est nécessaire, nous pouvons reconnaître l’esprit comme un outil qui détecte les idées, et nous délecter à savourer notre soupe avec nos langues en place, parce que le goût est un autre monde de très importantes connaissances-explorations pour l’autonomisation et le bonheur des gens ordinaires. 

Selon les mots de ee cummings:

"Il y a un sacré univers à côté, allons-y."


Andrew Nightingale

traduction de l'anglais par G&J




82.


De dire que mon écriture est minimaliste je suis plutôt d’accord. J’aime à penser qu’une accumulation de phrases simples et minimales en viennent à créer un texte ou un monde complexe. C’est un peu ce que j’essaie d’accomplir. 


Simon Langevin




83.


Cette façon de disposer les mots sur la page (noire) est une façon 

pour moi d’écrire deux poèmes en un, les mots écrits en gros forment un poème minimal intégré au poème principal…


Joe Pastry



Poème 

 

 

par exemple

une cellule 

un organe 

un organisme vivant 

une société

un système solaire

etc. 

(des briques).

Poème

Je barbote

dans le poème, mon corps subit les

vagues 

et l'eau. 

 

 

Je sais nager au 

sens 

où je sais composer mes 

rapports 

avec la vague, avec les 

éléments

au point que je connais les 

essences dont dépendent les rapports, et je sais ce que 

sont l’eau, l’onde, la vague, le principe d’Archimède, 

leurs causes, etc.

 

J'opère donc un 

passage 

de la science expérimentale de la Nature à la vérité comme conception immanente de la connaissance

poétique



Joe Pastry




84.


1. Le vers, ce petit bras. Ce petit bras cassé.

2. Je

vais à la

ligne parce que l'

Histoire a séparé

mon corps.

3. Le vers est une maladie. Un dysfonctionnement du corps - qui ne peut pas ne pas intervenir dans la production de sens - intervenir par interruption. Le vers est ce qui se produit à chaque fois que le corps entrave le trajet de la langue - à chaque fois que la langue trébuche sur le corps - et le poème est le son de la chute ensemble de ces deux morceaux que l'Histoire a séparés.


Cédric Demangeot







85.


des rayures alambiquées

avec les miennes se confondent

la peau envisagée

virgule les secondes


Arnaud Rivière-Kéraval




86.


1  Pourquoi, lorsqu'ils se défont, les liens qui nous unissent, même les plus ténus, un peu de notre chair se déchire, toute notre chair sous le ciel se déchire ...

2 Comme un visage aimé, le jardin à la fenêtre.

3  Sara n'aime pas les choses, la matière lui pèse.

Je lui ai donné une plume, quelques cailloux, un petit pot de miel.

Les objets, une façon qu'ont les humains d'arrêter le temps. 

4  Forêt de pins dressés comme les cierges de fidèles, forêt ouverte aux psaumes du vent hérétique, forêt de cils mélancoliques où glisse ma vie en larmes.


Calique



, cos


87.


OCTOBRE 1990 - DÉCHIRURE


J’ai tourné mon regard comme on tourne la page

J’ai commencé une autre histoire comme on prendrait le large

 

Le soleil s’est éteint les paroles sont trop froides

les bonnes choses ont une fin surtout quand elles deviennent fades

 

Même si je veux revenir je ne trouve plus mes traces

rien ne peut me retenir je n’aime pas trop la glace

 

De l’espoir émietté encore persiste, le souvenir des sentiments demeure

Quelques brins de gaieté encore subsistent, rien ne passe,

tout se vit et se meurt.


Coralie Meïsse




CONCLUSION





rien ici


Pierre Lamarque






Tentative de conclusion sur le minimalisme



Alexandre Poncin, janvier 2023:


Le minimalisme constitue la pointe aiguë de l’écriture poétique – de l’écriture même. Il est son extrême.

Il court-circuite les moyens usuels du récit et de son propre médium qui est le langage. La représentation redevient seconde, acquise, empruntée, et cède la place à l’antériorité pré-linguistique, sauvage, de la présence : « écrire pour ne rien dire – ou presque » Daniel Lewers.

Prendre au sérieux ce rien – ou presque. Le minimalisme – à l’instar de l’art poétique pluri-centenaire du haïku au Japon (comme l’a justement noté P. Jaccottet lisant Blyth), ne cherche pas à représenter mais à honorer une présence. Il est affaire de présentation. Le mot de présent renvoie au praesentia latin, qui rend bien cet accueil délicat et précautionneux : « être auprès de », « se tenir auprès de ».

Le minimalisme ne dit rien ou presque, il se tient auprès d’une présence, craint de l’épouvanter et de la faire détaler. Chaque mot est compté, risque de la renvoyer dans le perdu qui guette.

Se tenir au chevet du silence, c’est la tâche de l’écriture minimale.

Il est à craindre que le silence soit l’invention simultanée et involontaire du langage humain. Un silence maintenant grevé, enflé de complications, traversé de turbulences. Le minimalisme se concentre donc en un geste, qui est un geste d’accueil pour entendre à nouveau le chant du monde.


*


Dis aux sages que, 

pour les amoureux, 

l'extase est le guide, 

et que ce n'est pas la pensée qui montre le chemin.


Omar Khayyâm - Les quatrains Rubâ’iyat - Ed. Seghers Paris







*


Quand la terre claquera dans l'espace comme une noix sèche, nos œuvres n'ajoutons pas un atome à sa poussière.


Émile Zola. L'œuvre


*

L'homme parfait est sans moi, l'homme inspiré est sans œuvre, l'homme sain ne laisse pas de nom. 

Tchouang-Tseu 


Philosophes taoïstes, tr. Liou Kia-hway, Bibliothèque de la Pléiade, 1980, page 89.


*


C'est toujours à moi que mon discours s'adresse


Clément Rosset


*


Viens, couleur des présences colorées, viens amour des amoureux, viens pain de toutes soif, viens Orient des désorientés, viens soleil de toute nuit, viens défaite de la victoire, viens inconnu, viens répartisseur des matières, viens vivant, viens mandarinier, viens renié des derniers, viens noisetier, viens mélodie, viens-viens vivaridier, viens livide de tout, viens lumière véritable, viens vie éternelle, viens mystère caché, viens trésor sans nom, viens réalité ineffable, viens personne inconcevable, viens fidélité sans fin, viens lumière sans couchant, viens signe qui n'est que de toi, viens Dieu, c'est toi le croyant ! Viens, viens, viens, viens ! Et même si personne n'avait écouté un mot de mes paroles parlées, j'aurais dit tout ça au plancher.


Valère Novarina 

Je suis - Acte I - POL, 1991


*


P.S.

« A walk by waiting » - Marche en attente du minimum

Par Pierre Lamarque (cofondateur de la revue de poésie La Page Blanche)

 

 

 Difficile la traduction du poème « A walk by waiting » de Harold Pinter parce que mots basiques, syntaxe élémentaire, économie de mots, sont des constantes minimalistes dans ses poèmes que je découvre en les traduisant de l’anglais, et parce que sous cette simplicité de bon aloi se cache une grande complexité, comme si le texte était crypté. Il s’agit bien d’une poésie minimaliste.

 

 Il me faudrait dire quelque chose sur le minimalisme en poésie, c’est un sujet qui m'intéresse, sur l’aspect crypté que peuvent avoir des poèmes de Cédric Demangeot ou Guy Viarre. Depuis plus de vingt ans que c'est mon dada, je devrais y réfléchir au minimalisme, tenir un registre des minimalismes, penser par moi-même le minimalisme, donner des preuves personnelles de son existence en littérature. Mais sitôt que je m’aventure à écrire un po je m’arrange pour le faire disparaître par dissolution. « Minimalisme en action »...

 

 C’est rare que je découvre des poètes au style minimaliste qui me plaisent autant que Pinter. La poésie de Beckett a un caractère minimaliste aussi, je l’aime autant… Beckett, Pinter, se connaissaient, et leur minimalisme influencera longtemps les poètes, et longtemps la poésie.

 

 

 Le "ainsi peu" est une façon de s’exprimer qui imprègne de tout temps la poésie...

 

 

 

A walk by waiting

 

 

A walk by listening.

A walk by waiting.

 

wait under the listening 

winter, walk by the glass.

 

Rest by the glass of waiting.

walk by the season of voices.

 

Number the winter of flowers.

walk by the season of voices.

 

wait by the voiceless glass.

 

Harold Pinter


1953

 

 

 

Une marche en attente

 

 

Une marche à l'écoute.

Une marche en attente.

 

Attente sous l'écoute. 

Marche à la vitre, en hiver.

 

Pause à la vitre de l'attente.

Marche à la saison des voix.

 

Décompte de l’hiver des fleurs.

Marche à la saison des voix.

 

Attente à la vitre sans voix.

 

Trad G&J



*


je possède toute cette diaphanéité requise qu’est la conséquence du feu qui rage c’est tout ce que j’ai à dire ouep 


Simon A. Langevin


*


Fleur de nuit 

L'insomnie a le goût du métal noir de la ferveur de mes yeux.

Le jour a cessé de causer la nuit


Air (aidé par Chat GPT)


*


Qui lira cette sardane comprendra que le minimalisme serait ce petit flocon de neige qui tombe sur ce grand manteau blanc qu'est la page poétique. Minuscule, voletant au gré de sa chute, et presque insignifiant à l'œil, à première vue. Mais pourtant, à mieux l'observer, de plus près, on se rend compte de sa structure est extrêmement complexe, comme si la Nature en avait fait un concentré architectural, un condensé de géométrie.

Dans ce concentré de poésie, chaque texte minimaliste ici se lit pour lui-même, pour ce qu'il est, mais surtout pour ce qu'il suscite, dans cet espace de sens créé pour les lecteurs.


Patrick Modolo


 


La sardane est une danse traditionnelle catalane où les danseurs en cercle se tiennent par la main.


Air


Derrière cette sardane: Pierre Lamarque, Patrick Modolo, Alexandre Poncin, Maheva Hellwig, Matthieu Lorin, Air, Amandine Gouttefarde-Rousseau, Constantin Pricop, Victor Ozbolt, Jean-Michel Maubert, Simon Langevin, Isabelle H, Pascal Nordmann, Florentine Rey, Julien Boutreux, Susy Desrosiers, Ingrid Reuilly, Audrey Dumont, Jean-Claude Bouchard, Bertrand Naivin, Denis Heudré, Tom Saja, Tristan Felix, Clément Gustin, Guillaume Poutrain, Nathan Dartiguelongue, François Desnoyers, Anne Barbusse, Sandrine Cerruti, Bruno Giffard, Jean-Louis Van Durme, Stéphane Casenobe, Quentin Baffreau, Andrew Nightingale, Nessrine Naccach, David Emmanuel, Christophe Condello, Lolita Michel, Marie-Anne Bruch, Andreea Bușe, Joe Pastry, Arnaud Rivière-Kéraval, Calique.

 


En avr ne te découvre pas d'un f 


Patrick Modolo, 26 avril 2023