Le dépôt
Nouveaux poèmes
La forge
Tes espaces, inconnues de ton âme, je veux les
parcourir en solitaire, pionnier sur tes routes
intimes, cocher d'un attelage sauvage comme toi
qui te traverse de large en long, chaos qui
écartele nos squelettes et brise les obstacles qui
se dressent face à l'impossible. Tes sentes
crevassées tapissées de mes chairs cicatrisées
ploient sous une foule de sabots déchaînés,
théâtre au milieu de fossés d'où s'élève une
clameur de jouissances flamboyantes sous les
vivats des muets. Je cours sur tes artères, tes
coups de sangs et mes bruyantes cavalcades
battent le fer jusqu'à l'embrasement de nos corps
guerriers, je te brûle enfin et tu apaises mon feu à
la forge de l'amour.
Les enfants !
Aux heures de lune,
Sous le lit,
S’attarde la chevelure du grand saule.
Au mur, les rênes du vieux cartable
Au dos bien trop courbé offrent
Un arc à l'héroïne au casque sombre.
Panachée d'ailes de dragons
L’ aube prolonge le songe.
Flèche victorieuse,
grande aiguille des heures,
Les monstres terrassés
crachent encore des feux
Que le ciel adoucit.
P'eau de mère ...
Naître d'eau et d'esprit dans le silence de ton enclave amniotique,
Imprégné d'immémorielles intuitions liquides.
Creuset originel -
mémoires aquatiques, ébauche de branchies.
Ton ventre est une mer, j'y puise l'air et sel de la vie.
Tu gorges d'eau chaque cellule de mon corps container -
Molécules de bouillon primordial, en moi circule un océan;
Héritière des ressacs perpétuels des grands bleus éternels, ma p'eau de mer n'a plus d'écailles;
Courbe de vague Atlantique - colimaçon d'ADN, image miroir de galaxie, divine proportion, spirale primitive -
En toi je m'encapsule pour guérir les plaies et dissoudre les maux, tu pénètres ma peau, premier-né de mes sens;
Par ses pores tu transportes, eau vivante, l'espoir d'une harmonie avec le cosmos dont je fais partie;
Je veux baigner dans ta rumeur comme on baigne dans "l'enveloppe de maternage".
Constellation familiale.
L'intérieur pisse le sang des crevures d'intestins et d'estomacs percés qu'avale le maître fétide sur sa langue crachoir dents cariées os pourris courte paille faucilleur de loteries morbides sa mère est une ombre chandelle couchée sous les mains écarlates d'un aïeul mâle aux pluies de haines qu'un puits sec absorbe et la carcasse rouge d'un premier né rôle sa vie de coupable.
Page blanche
Jugulaire serrée
prose perdue et limon de rimes--
divergences
aux croisées d'artères de pierre
La rose--
Je l'avale par la tige
son cœur de pétales
Astre
mort entre mes lèvres.