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AUTEUR-E-S - Index I

75 - Julien Boutreux

Pars,

(Christophe Lalanne, série des Marcheurs)




le voyage ne finira pas avec ton dernier pas

 

    

chacun de tes pas invente un espace

détruit un espace




il n’y a pas de chemin

le chemin c’est toi

il n’y a pas de destination

la destination c’est toi

 

il n’y a qu’un mouvement de toi à toi

 

cela ne doit pas te troubler

continue de marcher vers cet ailleurs que tu n’atteindras jamais



 

  

fais de la marche de tes idées le cheminement de ton corps

de l’itinéraire de ton corps la trajectoire de tes idées






le sentier que tu suis est unique

mais peut-être l’as-tu déjà suivi

le suivras-tu encore


 

 

  

 


chacun de tes pas est un acte qui se suffit à lui-même

n’a besoin de rien qui le justifie, l’explique

en soit la cause








suivre une route n’est pas à la portée de n’importe qui

il n’y a pas d’acte plus libre

pas de plus ardu




 

  

 

 


cheminer soulève la poussière que tu as dans la tête










il te faudra marcher seul pour découvrir la multitude

 






 

 

 

  

ne crains pas de te perdre

être dérouté, l’essence même de la route












le vrai sens des chemins peut demeurer caché

 








 

  

 

 

ailleurs a la densité du monde

la ténuité des songes

il est le vocable vide

à combler

quand ici déborde d’évidence














on n’atteint jamais l’horizon

bien que tous les sentiers y mènent

s’y rejoignent sans doute

 

  










 

 

 

on ne peut suivre plusieurs chemins

autrement dit

la voie que tu suis est celle que tu t’es choisie
















ailleurs il n’y a personne

il n’y a que toi

puisque tu y vas

 

 












 

 

 

tu es un pont entre l’origine et l’infini


















tes trajectoires et tes regards

autant de lignes de fuite

tangentes à l’horizon

 















 

 

 

tout horizon souligne une fuite

annonce une suite

que ton regard ignore

mais que ton cœur espère




















le lointain appelle le lointain

et de proche en proche tu t’éloignes de toi

te rejoins ailleurs

laisses des paysages pour d’autres paysages

 

 
















 

 

 

le voyage est une spirale qui te propulse du centre vers la périphérie

inversement

parcourir les contours du monde te redonne un centre






















le voyage mène toujours plus loin que prévu

au-delà

dont ailleurs est le plus proche synonyme

 

 

 

 


















 

l’horizon est l’axe de symétrie du voyageur
























n’espère pas retrouver un jour l’ivresse du premier départ





















 


 

  


tout au bout du monde

tu seras enfin

juste au milieu de toi


























partir te fait revenir au point où tu en es






















 

 

 

 

 

on ne revient pas
























 

 

 

le dernier sentier est celui que tu ne suivras jamais.


(Christophe Lalanne, série des Marcheurs)