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AUTEUR-E-S - Index I

89 - Traian-Ioan Geanā

4 poèmes - traductions G&J






À un emballage de bonbon



Toi, coquillage solitaire,

où a disparu ta perle ?


Pauvre fantôme,

petit manteau frissonnant,

soufflé par les vents et

égaré dans mon jardin,

ton errance sera

l'événement de ma journée,

l'orbite de ton désir

l'arc de toute ma vie.

Plus parfaitement

que n'importe quelle feuille

tu continues ton chemin,

défiant les saisons ;

parallèlement à toi

je cours aussi

jusqu'à ce que,

déballé et jeté,

je me rapproche de toi

dans l'oubli de moi-même.





An eine Bonbonverpackung



Du einsame Muschel,

wohin ist deine Perle

verschwunden?


Armes Gespenst,

frierendes Mäntelchen,

von Winden geweht und

in meinen Garten verlaufen,

dein Irrtum ist das Ereignis meines Tages,

die Umlaufbahn deiner Sehnsucht

Bogen meines ganzen Lebens.

Vollkommener

als jedes Blatt

wandelst du weiter,

den Jahreszeiten trotzend;

parallel mit dir

laufe ich auch

bis ich,

ausgepackt und weggeworfen,

dir in Selbstvergessenheit

ein Stück näher komme.



Dans Traian-Ioan Geană : Am Ende sterben Worte auch (Les mots meurent aussi à la fin). Poèmes. Würzburg (Königshausen u. Neumann) 2021. 90 pages..




Messe catholique


Regarde-les,

les stégosaures des temps anciens –

qui aurait cru

qu'ils avaient disparu,

ces grands escadrons

aux carapaces gigantesques

et fissurées ?


Je pénètre dans leur ventre,

je me laisse volontairement dévorer,

avec respect, sans crainte, bien qu'intérieurement

rongé par le doute.


Tout cela n'est-il qu'une supercherie

qui ne trompe jamais le trompeur,

mais seulement ceux qui

se laissent tromper ?

Mais les preuves, les os, ce qui compte,

ce ne sont ni les nervures

ni les colonnes latérales avec leurs arcs brisés,

mais les doigts chantants, invisibles, vivants et finement ciliés,

en haut dans la tribune, au milieu, tissés

dans la musique de l'orgue –

bande originale d'un film

que l'on ne voit pas.




Katholischer Gottesdienst


Schaue sie an,

die Stegosaurier aus alten Zeiten –

wer dachte denn,

sie seien verschwunden,

die großen Schwadrone

mit den riesigen-rissigen,

uralten Panzern?

In ihren Bauch trete ich ein,

lasse mich freiwillig verschlingen,

ehrfurchtsvoll ohne Furcht, obgleich innerlich auch

vom Zweifelsgewissen zerfurcht.

Ob alles ein Schwindel nur ist,

vor dem es dem Schwindler nie,

sondern bloß den Geschwindelten schwindelt?

Aber die Beweise, die Knochen, die zählen,

weder die Kreuzrippen sind’s

noch die seitlichen Säulen mit Spitzbögen,

sondern die singenden Finger, unsichtbar lebendig und feinhaarig,

oben in der Empore, mittendrin eingespinnt

in die Orgelmusik –

Soundtrack zu einem Film,

den man nicht sieht.




En regardant un morceau du mur de Berlin


1. je grimpe sur le mur de la langue

le mur s'élève de plus en plus haut

des mots durs comme la pierre

m'attirent vers le bas

ils ne semblent pas

devenir plus légers

les prononcer est

en soi un halètement

comme le bruit d'un

train roumain

toujours en retard


2. Les mots deviennent peu à peu

mon pain quotidien

mais mon estomac

ne les supporte toujours pas

et il en résulte

un sentiment permanent de malaise 


3. En respirant l'acide matière

de l'oxygène d'une langue étrangère

je m'habitue peu à peu

chaque mot me rapproche

du point d'interrogation au point d'exclamation

peu à peu les mots deviennent

souples comme le corps d'un chat

bientôt je grimperai plus vite

vers un autre soleil

et vers d'autres aigles

pour leur offrir mon sourire


4. chaque mot compris

me rend plus allemand

chaque syllabe

fait couler de l'argent de mes lèvres

bientôt je parlerai si bien l'allemand

que même mon silence

se transformera en or


5. maintenant je suis enfin là-haut

le mur a été escaladé

il ne ressemble plus à un mur

mais plutôt

au bord d'un trottoir


6. mais à l'intérieur de la langue

les murs sont restés

ce sont les choses communes

que nous ne voyons plus

à cause de mots barbelés



Bei Betrachtung eines Stücks aus der Berliner Mauer


1. ich klettere auf die Mauer der Sprache

die Mauer steigt höher und höher

steinharte Worte

ziehen mich nach unten

mit keinem Tag scheinen sie

leichter zu werden

ihr Aussprechen ist

selber ein Keuchen

wie das Geräusch eines

stets verspäteten

eingerosteten

rumänischen Zugs

2. zum täglichen Brot

werden mir langsam die Worte

doch mein Magen

erträgt sie immer noch nicht

und es entsteht

ein dauerhaft schlechtes Bauchgefühl

3. den sauren Stoff des Sauerstoffs

einer fremden Sprache einatmend

gewöhne ich mich nun langsam

jedes Wort bringt mich näher

weg vom Frage- zum Ausrufezeichen

allmählich werden die Worte

katzenkörpergeschmeidig

bald werde ich schneller klettern

einer anderen Sonne

und anderen Adlern

mein Lächeln entgegenstrahlen

4. mit jedem verstandenen Wort

fühle ich mich nun deutscher

mit jeder Silbe

fließt Silber aus meinen Lippen

bald werde ich so gut Deutsch sprechen

dass mein Schweigen sogar

zu Gold werden wird

5. jetzt bin ich endlich da oben

die Mauer ist erklommen worden

sie fühlt sich nicht mehr wie eine Mauer

sondern eher wie

die Bordsteinkante eines Gehsteigs an

6. doch innerhalb der Sprache

sind die Mauern geblieben

vor Stacheldrahtworten sehen wir

die gemeinsamen Dinge nicht mehr






Sortie de la caverne


sur les murs il voyait

les ombres des choses

il s'est échappé de ses chaînes

il est sorti de la caverne

à l'air libre

au soleil

personne n'avait

réussi jusqu'ici

à part lui

et son ombre



Höhlenausgang


an den Mauern sah er

die Schatten der Dinge

er entwich seinen Ketten

er stieg aus der Höhle hinaus

in die freie Luft

in die Sonne

niemand hatte es

soweit geschafft bislang

außer ihm

und seinem Schatten




source : https://textor.online/de/texte-detailseite/drei-unveroeffentlichte-gedichte/