Le dépôt
4 poèmes - traductions G&J
À un emballage de bonbon
Toi, coquillage solitaire,
où a disparu ta perle ?
Pauvre fantôme,
petit manteau frissonnant,
soufflé par les vents et
égaré dans mon jardin,
ton errance sera
l'événement de ma journée,
l'orbite de ton désir
l'arc de toute ma vie.
Plus parfaitement
que n'importe quelle feuille
tu continues ton chemin,
défiant les saisons ;
parallèlement à toi
je cours aussi
jusqu'à ce que,
déballé et jeté,
je me rapproche de toi
dans l'oubli de moi-même.
An eine Bonbonverpackung
Du einsame Muschel,
wohin ist deine Perle
verschwunden?
Armes Gespenst,
frierendes Mäntelchen,
von Winden geweht und
in meinen Garten verlaufen,
dein Irrtum ist das Ereignis meines Tages,
die Umlaufbahn deiner Sehnsucht
Bogen meines ganzen Lebens.
Vollkommener
als jedes Blatt
wandelst du weiter,
den Jahreszeiten trotzend;
parallel mit dir
laufe ich auch
bis ich,
ausgepackt und weggeworfen,
dir in Selbstvergessenheit
ein Stück näher komme.
Dans Traian-Ioan Geană : Am Ende sterben Worte auch (Les mots meurent aussi à la fin). Poèmes. Würzburg (Königshausen u. Neumann) 2021. 90 pages..
Messe catholique
Regarde-les,
les stégosaures des temps anciens –
qui aurait cru
qu'ils avaient disparu,
ces grands escadrons
aux carapaces gigantesques
et fissurées ?
Je pénètre dans leur ventre,
je me laisse volontairement dévorer,
avec respect, sans crainte, bien qu'intérieurement
rongé par le doute.
Tout cela n'est-il qu'une supercherie
qui ne trompe jamais le trompeur,
mais seulement ceux qui
se laissent tromper ?
Mais les preuves, les os, ce qui compte,
ce ne sont ni les nervures
ni les colonnes latérales avec leurs arcs brisés,
mais les doigts chantants, invisibles, vivants et finement ciliés,
en haut dans la tribune, au milieu, tissés
dans la musique de l'orgue –
bande originale d'un film
que l'on ne voit pas.
Katholischer Gottesdienst
Schaue sie an,
die Stegosaurier aus alten Zeiten –
wer dachte denn,
sie seien verschwunden,
die großen Schwadrone
mit den riesigen-rissigen,
uralten Panzern?
In ihren Bauch trete ich ein,
lasse mich freiwillig verschlingen,
ehrfurchtsvoll ohne Furcht, obgleich innerlich auch
vom Zweifelsgewissen zerfurcht.
Ob alles ein Schwindel nur ist,
vor dem es dem Schwindler nie,
sondern bloß den Geschwindelten schwindelt?
Aber die Beweise, die Knochen, die zählen,
weder die Kreuzrippen sind’s
noch die seitlichen Säulen mit Spitzbögen,
sondern die singenden Finger, unsichtbar lebendig und feinhaarig,
oben in der Empore, mittendrin eingespinnt
in die Orgelmusik –
Soundtrack zu einem Film,
den man nicht sieht.
En regardant un morceau du mur de Berlin
1. je grimpe sur le mur de la langue
le mur s'élève de plus en plus haut
des mots durs comme la pierre
m'attirent vers le bas
ils ne semblent pas
devenir plus légers
les prononcer est
en soi un halètement
comme le bruit d'un
train roumain
toujours en retard
2. Les mots deviennent peu à peu
mon pain quotidien
mais mon estomac
ne les supporte toujours pas
et il en résulte
un sentiment permanent de malaise
3. En respirant l'acide matière
de l'oxygène d'une langue étrangère
je m'habitue peu à peu
chaque mot me rapproche
du point d'interrogation au point d'exclamation
peu à peu les mots deviennent
souples comme le corps d'un chat
bientôt je grimperai plus vite
vers un autre soleil
et vers d'autres aigles
pour leur offrir mon sourire
4. chaque mot compris
me rend plus allemand
chaque syllabe
fait couler de l'argent de mes lèvres
bientôt je parlerai si bien l'allemand
que même mon silence
se transformera en or
5. maintenant je suis enfin là-haut
le mur a été escaladé
il ne ressemble plus à un mur
mais plutôt
au bord d'un trottoir
6. mais à l'intérieur de la langue
les murs sont restés
ce sont les choses communes
que nous ne voyons plus
à cause de mots barbelés
Bei Betrachtung eines Stücks aus der Berliner Mauer
1. ich klettere auf die Mauer der Sprache
die Mauer steigt höher und höher
steinharte Worte
ziehen mich nach unten
mit keinem Tag scheinen sie
leichter zu werden
ihr Aussprechen ist
selber ein Keuchen
wie das Geräusch eines
stets verspäteten
eingerosteten
rumänischen Zugs
2. zum täglichen Brot
werden mir langsam die Worte
doch mein Magen
erträgt sie immer noch nicht
und es entsteht
ein dauerhaft schlechtes Bauchgefühl
3. den sauren Stoff des Sauerstoffs
einer fremden Sprache einatmend
gewöhne ich mich nun langsam
jedes Wort bringt mich näher
weg vom Frage- zum Ausrufezeichen
allmählich werden die Worte
katzenkörpergeschmeidig
bald werde ich schneller klettern
einer anderen Sonne
und anderen Adlern
mein Lächeln entgegenstrahlen
4. mit jedem verstandenen Wort
fühle ich mich nun deutscher
mit jeder Silbe
fließt Silber aus meinen Lippen
bald werde ich so gut Deutsch sprechen
dass mein Schweigen sogar
zu Gold werden wird
5. jetzt bin ich endlich da oben
die Mauer ist erklommen worden
sie fühlt sich nicht mehr wie eine Mauer
sondern eher wie
die Bordsteinkante eines Gehsteigs an
6. doch innerhalb der Sprache
sind die Mauern geblieben
vor Stacheldrahtworten sehen wir
die gemeinsamen Dinge nicht mehr
Sortie de la caverne
sur les murs il voyait
les ombres des choses
il s'est échappé de ses chaînes
il est sorti de la caverne
à l'air libre
au soleil
personne n'avait
réussi jusqu'ici
à part lui
et son ombre
Höhlenausgang
an den Mauern sah er
die Schatten der Dinge
er entwich seinen Ketten
er stieg aus der Höhle hinaus
in die freie Luft
in die Sonne
niemand hatte es
soweit geschafft bislang
außer ihm
und seinem Schatten
source : https://textor.online/de/texte-detailseite/drei-unveroeffentlichte-gedichte/