Le dépôt
Oradour
"Les femmes et les enfants d'abord !"
Dans l'église, tous se serrent. Pourtant il ne fait pas froid, en ce jour de juin. La colère de Dieu est en train de s'abattre sur eux. Mais ce jour-là, Dieu n'existe pas. Il ne peut pas exister. Ce jour-là, Il n'existe pas. Il n'existe plus.
Ce jour-là, tous se serrent.
Enfants, à hauteur d'autel. Et leurs mères. Et des femmes pas encore mères, ou déjà grands-mères.
"Frauen und Kinder zuerst !"
On est le 10 juin 1944. À Oradour-sur-Glane.
Épilogue
Nous ne partirons pas en train
ni d' Oradour
ni de Drancy
Nous n'irons pas plus loin
que cette église et son autel
à taille d'enfant
qui portera sur lui
et dans vos mémoires
la trace indélébile
de cette autre croix
couleur sang
Vous non plus
vous ne viendrez pas en train
nous voir mes enfants
nous regarder dans les yeux
à travers ces trous
ces impacts de balles
derrière lesquels
nous vous dirons
Nous ne partirons pas en train
ni d' Oradour
ni de Drancy
Nous n'irons pas plus loin
que cette église et son autel
à taille d'enfant