Le dépôt
Les lignes de fuite sont des perspectives ( extraits)
il y a dehors une lune d'une lumière splendide
presque solennelle
on l’a tous vue
on en a tous parlé
mais il y avait le nombril le nombre et tout ce qu’il fallait
compter
elle a filé dans son ennui
les grillons ont cessé les neiges se sont perdues
et là les cuisses ouvertes à l’enfantement de mes espoirs
je frotte ma langue à la vôtre
j’existe j’exile
nostalgique d’un
pays que je n’ai pas connu
j’habite en poète un
monde-graminée
j’ai fleurs au cœur
fusils aux yeux
je pleure les délivrances
sème un passé sans terre
alors j’y marche pieds nus
sur la terre de boue
poitrine à l’air
humectant les rosées
sur l’étoile d’araignée
je file douce sensible
horizontale
seule la montagne me redresse
sa poésie verticale
sa bruyère son-automne
qui meurt dans les brumes
passagères
j’offre je prends j’offrande je rends
les armes & les yeux
(je ne vois plus qu'avec le cœur)
la circonstance du surgissement
le désir précieux
des pages blanches
rencontrer l’espace
parcourir l’amour
errer ainsi
au creux du plaisir d’être
être
hormis le cri du silence
entendre l’instant de la pierre
cueillir la tragédie
sentir le feu au cœur
le bonheur d’avoir vécu
tu as l’habitude de l’incendie du poème
où les formes fulminent
où les réveils culminent
j’ai entendu sa conversation
avec la beauté de tes épaules
mes lèvres qui s’y collent
(et tout ce blabla-là)
j’ai entendu sa conversation avec la profondeur
le velours immortel des vagues des désirs (lesquels ?)
ce qui éclate brûle crépite
la voix de la pierre
l’appel du lichen
les feuilles mortes comme des linceuls
le galop des algues
les plaintes de l’eau
voilà voilà c’est cela
: le respirer-libre
le désir-monde
écoute écoute écoute
(encore un peu)
éclats des traces
je suis variations
ferment du monde
pierres sur les chemins
fenêtre de nuits solitaires
méditation et médiation
j’histoire dans la boue
les tremblements du poème