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blanche

Le dépôt

AUTEUR-E-S - Index I

53 - Isa Solfia Manzano

Les lignes de fuite sont des perspectives ( extraits)


il y a dehors une lune d'une lumière splendide

presque solennelle

on l’a tous vue

on en a tous parlé

mais il y avait le nombril le nombre et tout ce qu’il fallait

compter

elle a filé dans son ennui

les grillons ont cessé les neiges se sont perdues

et là les cuisses ouvertes à l’enfantement de mes espoirs

je frotte ma langue à la vôtre




j’existe j’exile

nostalgique d’un

pays que je n’ai pas connu

j’habite en poète un

monde-graminée

j’ai fleurs au cœur

fusils aux yeux

je pleure les délivrances

sème un passé sans terre

alors j’y marche pieds nus

sur la terre de boue

poitrine à l’air

humectant les rosées

sur l’étoile d’araignée

je file douce sensible

horizontale

seule la montagne me redresse

sa poésie verticale

sa bruyère son-automne

qui meurt dans les brumes

passagères

j’offre je prends j’offrande je rends

les armes & les yeux

(je ne vois plus qu'avec le cœur)




la circonstance du surgissement

le désir précieux

des pages blanches

rencontrer l’espace

parcourir l’amour

errer ainsi

au creux du plaisir d’être

être

hormis le cri du silence

entendre l’instant de la pierre

cueillir la tragédie

sentir le feu au cœur

le bonheur d’avoir vécu









tu as l’habitude de l’incendie du poème

où les formes fulminent

où les réveils culminent

j’ai entendu sa conversation

avec la beauté de tes épaules

mes lèvres qui s’y collent

(et tout ce blabla-là)

j’ai entendu sa conversation avec la profondeur

le velours immortel des vagues des désirs (lesquels ?)

ce qui éclate brûle crépite

la voix de la pierre

l’appel du lichen

les feuilles mortes comme des linceuls

le galop des algues

les plaintes de l’eau

voilà voilà c’est cela

: le respirer-libre

le désir-monde

écoute écoute écoute

(encore un peu)



éclats des traces

je suis variations

ferment du monde

pierres sur les chemins

fenêtre de nuits solitaires

méditation et médiation

j’histoire dans la boue

les tremblements du poème