La
page
blanche

Le dépôt

NOTES CRITIQUES ET LIENS

Notes critiques

Notes de la Librairie Lpb - Lettre D

"Une seule chose m'est nécessaire : tout."

Chesterton


"J'ai le dégoût très sûr" - Jules Renard




Les personnes invitées au dépôt sont invitées à écrire des notes de lecture dans la Librairie Lpb, comme cela se pratique à la librairie Mollat de Bordeaux - la plus grande surface de livres en France, celle qui offre un champ - d'écriture - au centre-ville bordelais, comme un pâté d'encre de lettres anciennes et modernes étalé sur un pâté de hautes et anciennes maisons de ville entre deux tartines, bon appétit ! Pour ouvrir la porte du dépôt se servir de sa clef. Le gardien du dépôt , à prévenir chaque fois qu'une nouveauté est apportée au dépôt, ne pouvant se charger du poids des transcriptions.

Les notes de lecture de la librairie Lpb offrent la chance aux visiteurs de leur faire découvrir et aimer la littérature en général et la poésie en particulier. Elles ont l'ambition de faire découvrir les goûts des personnes invitées à écrire sur le site, qui font la personnalité ... différenciée de La Page Blanche .


Pour retrouver le trésor cherché, inutile de tourner les pages de l'abécédaire, faire défiler d'un doigt léger cette unique page de paysages vers le bas.



DELBOURG Patrice - Les désemparés , 53 portraits d’écrivains - Ed. Le Castor Astral - PL


"Lorsqu'on a commencé à voir son nom au sommaire de diverses revues, vers 1930, Norge ne correspondait nullement à la vogue de l'époque ; loin du surréalisme et des premiers soubresauts de l'absurde, il publiait des poèmes empreints d'une spiritualité diffuse, et comme encline à s'entourer de mystère. Il faut attendre la fin des années 40 pour voir apparaître une autre inspiration : le retour à la rime ou à l' assonance, en des vers courts, qui renouent avec la tradition du siècle précieux, voire burlesque. Cette tendance s'approfondit, s'exaspère, le froid et le chaud soufflent de concert sur un esprit caustique qui balance entre folie douce et savoir-faire. « Les influences, je les digère en vrac, bonnes ou mauvaises, je suis un tète-tout, une éponge. Je subis le temps qu'il fait, mon sommeil agité, la toux de ma femme, les nouvelles du facteur, l'odeur du fenouil, le vol du papillon. » Les boucles d'argent qui rebiquent sur son front taquinent la musique des sphères. Quand flanche à la vague tout le saint-frusquin, Norge maintient. Reçoit de cinq à sept. On parle une langue exquise sous ses feuillages. Chaque jour, il apprend à la poussière à ce muer en lumière. À cultiver le sourire au lieu de s'abîmer dans la haine. « Je veux bien mourir à ma façon. Je n'aime pas les leçons d'agonie et de détresse."

Geo Norge - La mouche de Dieu - Extrait - Patrice Delbourg


Cet extrait du livre intitulé ‘Les désemparés » est un échantillon du style de l’auteur. Patrice Delbourg consacre les 250 pages de son livre, édité au Castor Astral en 1996, au portrait de 53 écrivains inconnus ou peu connus ou mal connus du XXème siècle en France tels Geo Norge, François Augieras, Benjamin Fondane, Emmanuel Bove, Henri Calet, etc.

Ainsi, par ce livre de critique agrémenté de belles photos uniques de chaque auteur, quelques dizaine d’années après son aîné le surdoué critique littéraire Ramon Fernandez , Patrice Delbourg consacre la fine fleur de son activité à la critique littéraire pour mon plus grand plaisir.





DEL CASTILLO Michel - Tanguy - Ed Folio Gallimard - PL


Le livre raconte une histoire vraie et touchante, émouvante en courtes phrases au rythme soutenu. Une humanité. Une leçon d’humanité. Le double abandon parental d’un enfant qui grandit dans un camp de concentration Nazi. Qui en sort. Qui se retrouve ensuite pendant son adolescence dans un orphelinat sordide. Qui en sort. Qui rencontre une série de personnes qui l’aident, l’éveillent, le guident tout au long de son enfance et sa jeunesse. Et sans doute aussi plus tard dans sa vie adulte. N’est-ce pas notre sort à tous ? Une histoire troublante où chacun peut se retrouver dans le personnage de Tanguy...




DEMANGEOT Cédric - Une inquiétude - Ed Flammarion- PL


J’ai construit le texte ‘Entame' avec des extraits des douze premières pages du livre 'Une inquiétude’ De Cédric Demangeot...… J’ai construit ce texte comme on frôle un objet...


ENTAME


Nous n’avons peut-être pas le même corps, pas plus que nous n’avons le même humour.


Les hommes sont mal compatibles.


Journée sans remède.


Un soupirail pour belvédère.


Je suis né / de ma grand-mère / morte à vingts ans.


On m’a mal nettoyé.


Envie d’ivresse - incessant souci.


La passion de buter dans les angles.


Le monde est une maladie mentale.


Il faut empêcher l’homme.


Parler du monde avec les doigts dans le fond de la gorge.


L’hiver, lire.


Miettes de vie - miettes d’écriture


Il y a du nouveau : l’espèce se sait perdue


Sème ta miette






DERRIDA Jacques - L'animal que donc je suis - Ed. Galilée - P.L.


Une syntaxe, un choix des mots, voilà un bon texte, voilà une bonne rédaction... On découvre dans ce livre, bien sûr de la pensée, de la façon de penser, du Jacques Derrida, aussi un panorama philosophique sur la question du rapport de l'homme à l'animal, donc aussi sur la question du rapport de l'homme à l'homme. . Et cela vous change un homme.


DESROZIERS Geneviève - Nombreux seront nos ennemis - Ed. L'Oie de Cravan - P.L.


(J’ai décollé et commencé à voler haut à partir de la deuxième partie intitulée "Fragments" pages 59 et jusqu’à la fin du livre page 96)



DES FORÊTS Louis René - Ostinato - L'imaginaire Gallimard - P.L.


. Lente lecture jalonnée d'éclairs.






DIDI-HUBERMAN Georges - Survivance des lucioles - Ed. de Minuit


Synthèse des approches de penseurs de notre époque - Pier Paolo Pasolini, Giorgio Agamben, Walter Benjamin, par l'auteur Georges Didi-Huberman, sur les rapports entre les puissantes lumières du pouvoir et les lueurs des contre-pouvoirs.



DÖBLIN Alfred - Berlin Alexanderplatz - Ed Folio - P.L.


Je parcours avec application et détachement le livre d'Alred Döblin; c’est une lecture difficile. La lecture du livre Berlin Alexanderplatz est une épreuve et en même temps une conquête… Ce que j’apprécie pour le moment - page 188, c’est la liberté exceptionnelle que s’accorde l’écrivain.


Je croyais, encore il y a peu, qu’il n’y avait pas de différence entre la vie et la poésie… mais depuis que je lis des livres difficiles à lire, encouragé par Wim Wenders dans sa post-face au livre de Döblin, je pense maintenant qu’il n’y a pas de différence entre la vie, la poésie, et le roman.


Je viens de finir de lire Berlin Alexanderplatz…qui n’’est pas un roman comme les autres, à cause de son écriture faite d’associations d'idées autour de l’histoire, comme vécue du dedans, du personnage principal… livre burlesque bien documenté sur la pègre berlinoise d’entre les deux guerres… livre riche d’une grande qualité psychologique...

La traduction n’a pas du être facile car le livre est écrit dans une sorte d’argot pas facile à rendre, et pas très agréable à lire… donc c’est vraiment un livre un peu à part… un de ces livres qui achevé permet de décerner une médaille au lecteur.


DUCHARME Réjean - Le nez qui voque - Folio Gallimard - J.F.


Souvenirs de mon adolescence... C'est avec Ducharme que la plupart des Québécois de ma génération ont découvert la littérature.


Quelques extraits du Nez qui voque, que j'avais surlignés en jaune  à l'époque pour un travail universitaire (très effacé depuis) :


"Cela fait cinq minutes seulement, que j'adore les adultes, et j'ai oublié quatre fois déjà".


" Si elle voyait qui je vois en elle quand je me hortensesturbe en secret, quand je la regarde".


"Et la vérité, la voici: la vie est monotone et tout le monde s'ennuie. A la vérité, il n'y a que la mort. Il n'y a que cela d'intéressant dans la vie".


"Il fait froid. Je ne parlerai pas de la température. Je ne suis pas une speakerine". 



DUCHARME Réjean - L'avalée des avalés - Folio - M.L.


L'avalé des avalés de Réjean Ducharme : une force poétique très forte. Des passages d'une grande beauté mais le récit laisse parfois l'impression que la forme importe davantage que le fond. On s'attarde sur une phrase ou un paragraphe, au détriment de l'histoire. J'aime quand les deux sont intimement liés, comme chez Radiguet par exemple, ou Faulkner, ou M. Lowry, ou Garcia Marquez.

Mais j'ai eu plaisir à découvrir cet auteur au talent immense : peut-être même davantage un grand poète qu'un grand romancier.