Le dépôt
Poèmes inverses, par Philippe Minot
Ces poèmes de Philippe Minot, presque oulipiens, proposent un aller-retour dans la lecture, dans un même mouvement. Le sens s'en trouve donc changer. Bouleversé? Renversé ! Un sens inverse, qui laisse parfois le lecteur interdit.
Ab oculis
Nous ne verrons plus jamais
La houle qui chavire
La lame qui s’effondre
Les vagues qui refluent
Le jusant qui s’allonge
Nos valses qui s’élancent
Nos danses qui s’enlacent
Nos corps qui chaloupent
Nos désirs fantômes
La douceur et le vent
Et la beauté des roses
Et l’amour qui s’efface
Et l’amour qui s’efface
Et la beauté des roses
La douceur et le vent
Nos désirs fantômes
Nos corps qui chaloupent
Nos danses qui s’enlacent
Nos valses qui s’élancent
Le jusant qui s’allonge
Les vagues qui refluent
La houle qui chavire
Nous ne verrons plus jamais
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Vanité
De nos vanités que reste-t-il
Des lettres à deviner
Ta peau de porcelaine
Les brûlures du jour incendié
Quelques chemins ardus
Quelques bracelets qui ne tintinnent plus
Quelques taxis pressés
Quelques voitures tachées
Quelques gamins grandis laissés en chemin
Un voilage flottant au vent frais d’aube
Une sonnette malmenée
Une porte fermée
Des clés à échanger
Des entêtements muets
Des entêtements muets
Des clés à échanger
Une porte fermée
Une sonnette malmenée
Un voilage flottant au vent frais d’aube
Quelques gamins grandis laissés en chemin
Quelques voitures tachées
Quelques taxis pressés
Quelques bracelets qui ne tintinnent plus
Quelques chemins ardus
Les brûlures du jour incendié
Ta peau de porcelaine
Des lettres à deviner
De nos vanités que reste-t-il
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A l’écarté
Se tiennent à l’écart
De vagues immensités
D’anciennes cités d’or et d’orichalque
La rareté du riche
Et la pauvreté des rôles
Et les corps suppliciés
Et d’ardents bûchers
Et le rire édenté des drôles
Des peaux desquamées
Des majestés de corps allongés alanguis ou rongés
Des peaux à caresser
Le silence des regards échangés
Et les égards muets
La paucité des paroles
La douceur des intimités
Dans le torrent des tortures
Dans le torrent des tortures
La douceur des intimités
La paucité des paroles
Et les égards muets
Le silence des regards échangés
Des peaux à caresser
Des majestés de corps allongés alanguis ou rongés
Des peaux desquamées
Et le rire édenté des drôles
Et d’ardents bûchers
Et les corps suppliciés
Et la pauvreté des rôles
La rareté du riche
D’anciennes cités d’or et d’orichalque
De vagues immensités
Se tiennent à l’écart
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Souffles
Nous aurions besoin d’une voix
qui parle aux marins
qui fredonne l’air de rien
qui siffle comme le vent
et souffle d’un évent
qui crie comme mouette au large
qui murmure aux feuillages
qui coule sous la porte
qui roule comme un torrent
et susurre comme un ruisseau
qui prêche les oiseaux
qui démâte les bateaux
et démonte les flots
qui murmure quelques rares mots
qui murmure quelques rares mots
et démonte les flots
qui démâte les bateaux
qui prêche les oiseaux
et susurre comme un ruisseau
qui roule comme un torrent
qui coule sous la porte
qui murmure aux feuillages
qui crie comme mouette au large
et souffle d’un évent
qui siffle comme le vent
qui fredonne l’air de rien
qui parle aux marins
Nous aurions besoin d’une voix
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Paucité
Le peu qu’il reste
Décombres gris des cendres
D’une cité foudroyée
Héron cendré zigzaguant à son nid
Héron rare des fastes augures
Haruspices
L’antienne
Du bal ancien
La balancielle
Qui baille au ciel
Un rien de jeu dans les contraintes
Remords regrets
Rejets des contraires
Quelques cartes mal données et tôt gâchées
Une esthétique qui se revendique et s’étrique
Un plâtre de poulbots enlacés qui gît à la table de nuit
Une Velléda parmi l’odeur fade du réséda
Aux vêpres du jardin affraîchi
Quelque Velléda rouge ou vert au caniveau du tableau
Des souvenirs de poudres de craie au costume étriqué
Quelques poutres qu’on se refuse à croire
Quelques ombres surgies des années
Des bouquets fanés de fleurs fatiguées
Ton prénom d’amour fantôme
Le soleil noir de ton œil hagard
Tes essoufflements
Sémélé ton foudre
La bière des passés
Sémélé ton foutre
Le feutre d’un ou deux chapeaux noirs
Le feutré de nos espoirs
Récit du glacis
Si peu qu’il reste
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