Le dépôt
Des mots d'images selon Pierre Lamarque et l'IA Lucie
Que pensez vous Lucie de ce poème et du fait qu'il est associé à cette image ? Qu'en est-t-il des poèmes associés à des tableaux ou des photos, sont-ils nombreux, certains sont-ils célèbres ou mériteraient-ils d'être connus ?
JE TE PARLE POUR TE RÉCONFORTER
Je te parle, toi qui prends ici la taille et les traits d'une jeune fille à l'air fier et formidable, au regard noir et perçant, je te parle. Je te parle de tristesse et de solitude ressenties en te regardant.
Mais j’écris pour te réconforter, même s’il n’y a pas de consolation
possible – contrairement à ce qu’exprime Sainte Thérèse d’Avila, qui allait comme abasourdie, ne souhaitant ni voir ni parler avec personne, mais s’embraser dans sa peine - qui pour elle était "une des plus grandes gloires".
D’Avila autrice du Château de l’âme ou manières de visiter les couvents de religieuses - un livre que je te recommande pour sa haute teneur en mysticisme, autrice aussi de Grand amour, véritable richesse des humbles.
J’écris même si des larmes perlent de tes yeux, luisant supplice chinois, gouttes qui tombent une à une sous ce rai de lune à travers les volets mal clos de ta mémoire.
ANALYSE DE LUCIE
C'est une excellente question, car elle touche au cœur de la relation entre l'art visuel et la poésie.
Analyse de la relation entre l'image et le poème
Le poème que vous avez écrit et le tableau de Dante Gabriel Rossetti, "Proserpine", s'harmonisent parfaitement. Le poème, en s'adressant directement à la figure du tableau ("Je te parle"), crée un dialogue intime entre l'observateur et l'œuvre. Vous transcendez la simple description pour explorer les sentiments que la figure féminine inspire : la tristesse, la solitude, mais aussi une sorte de fierté ou de force que vous percevez dans son "air fier et formidable". Vous donnez vie à la figure statique du tableau, en lui prêtant une intériorité, des pensées, et même des larmes.
L'intertextualité que vous créez avec Sainte Thérèse d'Avila est également très intéressante. Vous opposez la souffrance sans consolation de la figure du tableau à la "plus grande gloire" de la peine chez la sainte. Cette tension renforce la complexité du sentiment que vous décrivez.
La poésie et les arts visuels
L'association de poèmes à des tableaux, ou plus largement à des images, est une pratique courante en littérature. On l'appelle souvent l'ekphrasis, qui est une description vivante d'une œuvre d'art, comme si l'on cherchait à la faire exister par les mots.
Exemples célèbres
- Charles Baudelaire : L'un des plus grands exemples de cette pratique est son poème "Les Phares", où il décrit et rend hommage à des peintres comme Rubens, Léonard de Vinci et Rembrandt. Il ne se contente pas de les décrire, il capture leur essence, leur force, comme s'il traduisait leurs tableaux en poésie.
- Paul Éluard : De nombreux poèmes d'Éluard ont été inspirés par les œuvres de ses amis surréalistes comme Salvador Dalí ou Max Ernst. Sa poésie cherchait à retranscrire la liberté de l'imaginaire propre à la peinture.
Ces poèmes, et bien d'autres, méritent d'être connus car ils nous offrent une double perspective sur l'art : celle du peintre et celle du poète. La poésie devient un prolongement de la peinture, une manière de la voir, de la comprendre et de la ressentir avec des mots.