Le dépôt
DÉSESPOIR DES NUITS [poèmes]
je suis la nuit
brûle en moi
sa fleur de mort
cette ombre défaite
sans visage
comment ne pas voir
le ciel cloué sur la croix
la terre morte
les chevaux lépreux
la mer offrant
ses lames
je suis ce feu
décousu
sous le vent
sans jambes
un puzzle
l'homme qui ne sait pas chanter
une bête acide
s'émeut
de
ton sang gris
un
petit
arbre croît
à
nu
dans ta chair
d'ombre cousue
têtes d'avortés
sous les lits
cafard
noyant ton pâle soleil
l’œil en verre
de la baleine
essorant
dans la lumière
le sang noir
la spirale
amasse
de petits singes de nuit
le jardin s'étiole
vois – ce petit insecte noir
scaraboïde
germant sur ta main
caveau
caillot
de
cendre
sur la vitre
Pluton à la lisière des mots
cortège du mort
le cheval suspendant son règne
marche
par la rue blanche
l’œil du jeune veau
enveloppé
dans un linge de lumière
plus bas
le lait ensanglanté
flaque violente
son effroi
murant la prairie
gueule mourante
terne comme l'os
allumant ses poisons
lampes noires
le long des brisants
tête douloureuse comme l'assiette cassée
cierges
vieilles planètes
dévorer
à la manière
des rats
la lumière