Le dépôt
COMME DES FLEURS DE MIGRAINE [poèmes]
l'estuaire brûlant l'horizon mua en une lente vapeur noire
des veaux léchant leurs paupières de sel
parfum d'armoise, une pierre blanche une graine de lin dormant dans ta poche
un hérisson écrasé pourrissant dans l'herbe du talus
ta poitrine est un bloc de calcaire
une bête morose dort à tes pieds
des lions amputés prennent docilement le soleil
autour de nous le feu le temps enlisé
nous retournerons tout au fond,
mêlés aux ronces
dans la lumière inféconde
des chardons grandissent à présent dans ma bouche
des lézards imitant les songes,
une vache amputée prise dans une chaleur de miel
le ciel grinçait
dans ta pupille
et puis, ce vent
gorgé de pluie, de grains de sang,
ces long cils, l'insecte fané à l'heure des morts,
ainsi germent, roseaux,
l'amertume du pissenlit, ta robe où brûle le bleu
comme un fragment
corps noué au roc, la douce lumière du thé
la lampe brûlant veuve blanche
tes veines : des gravures sur bois
maigres racines de l'astre bu
coupure sale d'un jeune ciel
des trèfles s'étreignant dans le soleil
pleure au fond du sommeil
la tête de l'homme-éléphant
ainsi reposer sur le lit sans oreillers nuque brisée
bêtes humant une lumière de sable
la lagune feu noir des mains ton sternum
les ronces au matin nid de petits rats un papillon noir
l'œil du poisson comme un mur
une odeur de violettes l'encens sœur cette vieille chambre les pleurs d'un petit singe
ronces le mercure des toits lumière de lait roses brûlées ces mains cassées l'âne
le couteau sale usé du boucher des marguerites dans la boue d'hiver attendre la nuit jaune
dans cet effondrement froid la lumière amputée
derniers jours porcelaine du visage un cheval dormant dans la neige aimante
ainsi naquit
le ver humain industriel
attendant l'aurore du sang
des plaques d'acier
pour la douleur des jours
cheval éventré
paupières cousues de nuit
bouche rouge inox
poussière de ce monde où rêve un chien rendu schizophrène
lacs froids
briques couleur boucherie l'os candide moelle
cassure des orages
une sirène pourrissant dans un lit d'hôpital
viande crue vaches écorchées
petit front de nacre
un poison fœtal
pour clore
ce nom de cendre
à peine
des cartilages un astre
imberbe
vertèbres taillés dans une glace lunaire
bosselures noires
chair murée en toi
comme un cri lourd
racine de nuit
puisant dans l'épaisseur des cendres
l'âme crue d'un axolotl