Le dépôt
ZONES [poèmes]
lumière bouillie trouée ça blesse
crever l'herbe à la bouche
brouillard cassante craie dans la poche
le linge son visage concassé
course lente d'un chien manger la brume
sa chaleur vieux rêve matin des douleurs
larmes du pendu seul tournesol
métal bruit d'os tomber dans sa nuit
bégaie cassé cru
caillasse du larynx
mâchoire creusée l'air
son impasse
noirceur poudre des voix
l'imprononçable corps
dents arthrose veuvage
tête frelatée viande
palpe la plaie
extinction du râle
cet orifice charbon
stérile défiguré
l'excavation cranique
un tourbillon noir et froid
fleur dure qui s'ouvre crissant
silex cendre gouffre tête creusée
minéral exil
portrait refait à l'obus
tunnel dépeuplé
cette mort anonyme
ver blanc de ta pensée
terreuse et sourde à l'angle
de ce champ tes glaires
abrupte la lame l'éther
devenue sainte et poreuse cette vaine lumière
chardons poussant
dans l'innocence du crâne
dernière vision
démembrant ce soleil
naissance hors mort
corde de vieille nuit
jeune taupe
ton sein fêlé blanc
rasée cette blessure
une hase l'été
fente d'amour offerte à sa peine
neige sanglante inerte entresol
cassure ce peu de chagrin
pour broyer encore
l'encombrement des sons
cafard frère des larmes
au dur centre des jours
ce rythme cassé pomme blette
ton fleuve la rouille les saules
caducité des pentes
la brume intermédiaire
calvaire les rues un chat aimant
le bleu mortuaire qui s'étend
gravats
mur du désert
plis marbrés opacité du jour
quelques herbes la mousse
sa densité brute
burin fissures d'un premier matin
l'oubli rature du dormeur le songe trop blême
creux de béton un corps mûr
la grêle tombant drue
puis la rivière
remuant ses ombres
le chien devient ton astre silencieux
au loin
la zone disperse ses derniers feux