Le dépôt
CORPS DE NUIT - poèmes
l'éléphant d'ombre blessé la
trompe ensanglantée sa béquille ses
ligatures –– sans fin
longer ainsi les murs noirs
ce désastre pour l'enfant sans tête
mordant l'obscur
l'âne sous le ciel d'oubli
comme s'il pouvait dormir
entre les murs du poème
ventre gris
l'estomac du chimpanzé
retournant
à son cercueil
les engrenages du feu
cocon,
grumeleuse la chair
rêvée–––membrane–––de–––mots
route
finissant
dans un ciel
de sciure
d'énormes
tuyaux
invaginant la terre
chevaux
pourrissant seuls
dans les étangs
la chambre membraneuse
l'autre scène –– sœur naine
peut être joue t-il aux dés
dans le couloir où tu dormais
derrière les rideaux noirs
un lièvre édenté
cette colline –– ses clones
fracas de feux industriels
crevasses ––
trous d'eau huileuse
lumière
peuplée de germes blanchis
fleurs muettes
consumées
la larve
tel un petit songe
brisant l'abîme ––
sommeil où flottent en masse des lueurs placentaires
froid sombre des crânes
nœud secret
l'œuf au fond
puis –– le lit
radiateur en fonte
insomnie
rumeurs métalliques
remodelant
les terrains vagues
tête de lapin écorché
emmailloté
roulant des yeux
la vapeur indocile
la petite table
par la fenêtre
les fumées
des usines
lune électrique
bruit sourd
des trains
se mêlant
à ton éternelle plainte
la fenêtre –– membrane
tissu de terre
glisse l'orage
brume
ça palpite au loin
rideaux cheminées
l'oreiller comme un poulpe
fièvre –– l'argile des sons
la main sur ton front
les pleurs
les cheminées ––
les mouettes
dans des vases
de béton
tremblement noir
ce lait d'humeurs
dormir près du kiosque ensablé
l'écorce batracienne
la peau vertèbres
lionne tu entends
derrière la porte
la machine à coudre
près du lit chaque nuit
ce masque remué dans
le blanc farine
lèvres purpurines
l'éclat suranné des dents
ton vieil amour
os fleurissant jaune
au pied de l'usine
vieilles roses
dans les chambres sentant la boue
ces champignons que mangent les chevaux
brûle tes béquilles
le cafard se lava dans un chou-fleur
cette peau de mort du vieil éléphant
elle aimait la dentelle les rêves industriels
le lait les légumes fades
pourtant la fille édentée partit en fumée
ses amours brûlant sous un ciel de formol
larve –– les sons
le bois de ta tête
la pensée
d'un monde sourd
les nuits de douleur
un vent laineux tissé du
sommeil strident des insectes
cloches de verre
les fenêtres
la ville
baisers
de rouille
songe
à ton âme muette
sa saveur de pomme pourrie
(doux rêve)
face à toi
ma gueule de cachalot ––
ton visage terrifié
tes lèvres remuant
comme celles
d'un lièvre blanc ––
ton visage tendu
glacé de sueur
penché sur une assiette
d'opale
ornée de quelques petits pois
que ta fourchette
ne parvient pas à déplacer
Radiateur écosystème de la Dame écrasant un à un sans le moindre courroux de flasques avortons écoute leurs plastiques chuintements l'angoisse des vers s'étiolent les fumées du petit théâtre harmonium souffle noir ombilics drames insectoïdes peaux fibreuses vois sa taie sur l'œil le lait brûlé de la naissance terre quadrillée elle chante danse à pas comptés menue désuète au fond de son paradis de fonte cloche de verre vie sans larmes mort électrique excroissances osseuses petites îles à même l'os blancheur malade du teint de la Dame blême arctique elle revient limant les tympans son hymne métallique chant funèbre un beau cloaque de sons trop tendres pour le singe en béquilles la vie gagne en épaisseur les rideaux s'écartent mornes lumières ampoules grésillements du feu la Dame entre personne ne vient danser jardin fluet et squelettique cabaret d'infra-monde elle arbore sans joie ce pâle sourire de demi-reine tandis que l'insecte croît belle mourante parmi les fumées vapeurs veuves l'idiot se demande que savons nous de l'air du Radiateur ?