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26 - ZOOM DESBORDES VALMORE
zoom sur marceline desbordes-valmore
marceline desbordes-valmore est née en 1786, dans une france qui n’aimait pas les femmes poètes. elle a vécu pauvre, elle a aimé passionnément, elle a perdu des enfants, elle a erré d’une ville à l’autre, et elle a écrit comme on saigne — avec une franchise qui a scandalisé son époque. ses poèmes ne sont pas des jolis vers bien sages : ce sont des cries, des confessions, des baisers jetés à la face d’un monde qui préférait les femmes silencieuses. elle parle d’amour, de deuil, de solitude, mais aussi de révolte, de pauvreté, de cette condition des femmes que personne ne voulait voir.
ses textes sont des lettres adressées à ceux qu’elle a aimés, à ceux qu’elle a perdus, à ceux qui l’ont trahie. elle utilise des mots simples, des images qui frappent, un rythme qui imite le souffle ou les sanglots. elle n’a pas la grandeur classique de lamartine ou de hugos, mais une intensité qui vient du cœur, une vérité qui vient des tripes. ses poèmes sont des morceaux de vie arrachés à l’oubli, des éclats de lumière dans l’ombre.
les roses de saadi
je vais où le vent me mène, sans me plaindre ou m’effrayer ; je suis la feuille qui tremble, je suis la fleur qui doit tomber.
je vais où le vent me mène, et chaque pas est un adieu ; je suis l’ombre qui s’éteint, je suis le rêve qui s’envole.
je vais où le vent me mène, et je ne sais où je vais ; je suis l’écho qui se perd, je suis la voix qui se tait.
l’atelier d’un peintre
ici, tout est silence et ombre. le peintre est parti, laissant ses pinceaux, ses couleurs, ses toiles inachevées.
une femme y pleure, assise dans un coin, sans bruit. elle regarde les murs nus, les traces de lumière.
elle sait qu’il ne reviendra pas, qu’il a choisi d’autres ciels. elle reste, avec ses larmes, et le fantôme d’un sourire.
élégie
mon enfant, mon doux enfant, tu es parti sans un mot. la terre a pris ton petit corps, le ciel a pris ton âme.
je cherche tes jouets épars, tes rires dans le vent, tes mains dans les miennes, ton souffle sur mon front.
mais tu n’es plus là. il ne reste que ton nom, gravé dans mon cœur, comme une blessure qui saigne.
la pauvre femme
je suis la pauvre femme aux pieds nus, celle qui marche sans se plaindre, celle qui tend la main sans honte, celle qui pleure sans bruit.
je suis celle qu’on ne voit pas, celle qu’on oublie au coin d’une rue, celle qui porte le poids des autres, celle qui n’a plus rien à perdre.
mais dans mes yeux, il y a encore une flamme. dans ma voix, il y a encore un chant.
les adieux à la vie
adieu, mes rêves, adieu, mes espoirs, adieu, mes nuits sans sommeil, adieu, mes larmes, adieu, mes rires, adieu, ma jeunesse en deuil.
adieu, mes amours, adieu, mes peines, adieu, mes chemins perdus, adieu, mes mots, adieu, mes silences, adieu, je m’en vais sans vous.
bibliographie sélective
œuvres poétiques :
- Élégies et Poésies nouvelles, 1825.
- Les Pleurs, 1833.
- Pauvres Fleurs, 1839.
- Œuvres complètes, 2 volumes, 1860 (posthume).
en français (éditions récentes) :
- Poésies complètes, Éditions Des Femmes, 1983.
- Élégies et autres poèmes, Gallimard, "Poésie", 1999.
- Les Pleurs, Éditions Corti, 2003.
correspondance et prose :
- Lettres à Henri de Latouche, 1860.
- Atelier de lecture, journal intime, 1833.
biographies et études critiques :
- Marceline Desbordes-Valmore, de jeanne borrelli, Éditions du Seuil, 1997.
- Une femme en poésie : Marceline Desbordes-Valmore, de christine planté, Éditions Champion, 2003.
- Marceline Desbordes-Valmore, la poétesse des larmes, de michel dansel, Éditions L’Harmattan, 2006.
- Les Femmes poètes au XIXe siècle : Marceline Desbordes-Valmore, numéro spécial de la revue Romantisme, 2010.
pour aller plus loin :
- Marceline Desbordes-Valmore, œuvres complètes, Éditions Honoré Champion, 2017.
- La Poétesse et la Muse : Marceline Desbordes-Valmore, documentaire de françoise pyrène, 2005.
- Les Femmes romantiques, anthologie dirigée par naomi schor, Éditions Flammarion, 2013.