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PLACE AUX POÈMES

LIVRE ZOOM

33 - ZOOM TZARA

Tristan Tzara (1896-1963)



Tristan Tzara, de son vrai nom Samuel Rosenstock, est né le 16 avril 1896 à Moinești (Roumanie) et mort le 25 décembre 1963 à Paris. Poète, essayiste et performeur, il est l’une des figures centrales du mouvement dada, qu’il fonde à Zurich en 1916 avec Hugo Ball, Marcel Janco et Hans Arp. Dada est une révolte totale contre les conventions artistiques, sociales et politiques, née en réaction à l’horreur de la Première Guerre mondiale.


Une vie entre provocation et création

Tzara s’installe à Paris en 1920, où il devient le porte-parole de Dada. Ses manifestes, ses poèmes et ses performances scandalisent et fascinent. Il rompt avec André Breton en 1922, marquant la fin de Dada et le début du surréalisme. Dans les années 1930, il se rapproche du communisme et s’engage dans la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, il continue à écrire et à publier, tout en participant à la vie culturelle parisienne.


Œuvres majeures


  • Manifestes : Sept manifestes Dada (1924).
  • Recueils de poèmes : La Première Aventure céleste de Monsieur Antipyrine (1916), Vingt-cinq poèmes (1918), L’Homme approximatif (1931).
  • Essais : Lampisteries (1923), Le Fruit permis (1932).
  • Théâtre : Le Cœur à gaz (1921).

Extraits significatifs


Manifeste Dada (1918)

"Dada ne signifie rien. Si vous le trouvez dans le dictionnaire, c’est une erreur. Dada est notre intensité : elle brise les miroirs et les vitrines, elle n’a pas de principe. Contre la logique, contre la morale, contre l’esthétique, contre la religion, contre la société, contre la famille, contre l’art, contre tout ce qui est sérieux, solennel, saint, utile, noble, bon, juste. Dada est la liberté absolue, le doute systématique, la négation de tout ce qui est établi. Dada est la vie."

Référence : Tristan Tzara, Sept manifestes Dada, Jean-Jacques Pauvert, 1924, p. 15.



L’Homme approximatif (1931)

"Je suis contre les systèmes, le plus acceptable des systèmes est de n’en avoir aucun, sur un principe d’insoumission absolue. La poésie doit être faite par tous, non par un. Elle doit être un jeu, un rire, un éclat de voix, un cri, un sanglot, un rêve, un délire, une provocation, une révolution."

Référence : Tristan Tzara, L’Homme approximatif, Gallimard, 1931, p. 33.


Vingt-cinq poèmes (1918)

"les mots font l’amour les mots sont des pièges les mots sont des ponts les mots sont des murs les mots sont des fenêtres les mots sont des portes les mots sont des clefs les mots sont des serrures les mots sont des cages les mots sont des oiseaux"

Référence : Tristan Tzara, Vingt-cinq poèmes, Éditions de la Sirène, 1918, p. 12.


Le Cœur à gaz (1921)

"Le théâtre doit être une fête, un scandale, une provocation. Il doit briser les illusions, réveiller les consciences, libérer les esprits. Le théâtre doit être dada : absurde, violent, imprévisible."

Référence : Tristan Tzara, Le Cœur à gaz, Éditions de la Sirène, 1921, p. 22.



« La Première Aventure céleste de Monsieur Antipyrine » (1916)

Monsieur Antipyrine descend de son cheval et entre dans l’auberge il commande un verre de vin blanc et un œuf dur le vin est acide l’œuf est pourri Monsieur Antipyrine sort de l’auberge et remonte sur son cheval le cheval refuse d’avancer Monsieur Antipyrine descend de son cheval et entre dans une église il s’agenouille devant l’autel et prie Dieu Dieu ne répond pas Monsieur Antipyrine sort de l’église et remonte sur son cheval le cheval avance Monsieur Antipyrine arrive dans une forêt il rencontre un loup le loup lui dit bonjour Monsieur Antipyrine répond bonjour le loup lui demande où il va Monsieur Antipyrine répond qu’il va chez le diable le loup lui dit qu’il va dans la même direction et lui propose de faire la route ensemble Monsieur Antipyrine accepte ils arrivent chez le diable le diable leur offre un verre de lait chaud et leur lit un poème le poème est beau Monsieur Antipyrine et le loup pleurent le diable leur dit de ne pas pleurer car la poésie est une chose sérieuse Monsieur Antipyrine et le loup remercient le diable et repartent le loup va à gauche Monsieur Antipyrine va à droite Monsieur Antipyrine arrive dans un village il entre dans une maison il trouve un lit et s’endort dans son sommeil il rêve qu’il est un oiseau et qu’il vole au réveil il se sent léger et repart sur son cheval qui cette fois galope vers l’infini.

Référence : Tristan Tzara, La Première Aventure céleste de Monsieur Antipyrine, Éditions Dada, 1916.




Bibliographie


Œuvres de Tristan Tzara

  • La Première Aventure céleste de Monsieur Antipyrine, Éditions Dada, 1916.
  • Vingt-cinq poèmes, Éditions de la Sirène, 1918.
  • Sept manifestes Dada, Jean-Jacques Pauvert, 1924.
  • L’Homme approximatif, Gallimard, 1931.
  • Le Fruit permis, Éditions G.L.M., 1932.
  • Œuvres complètes, 7 tomes, Flammarion, 1975-1991.

Ouvrages critiques et biographiques

  • Sanouillet, Michel, Dada à Paris, Jean-Jacques Pauvert, 1965.
  • Richter, Hans, Dada : Art et anti-art, Thames & Hudson, 1965.
  • Bonnet, Marguerite, Tristan Tzara, Fayard, 1992.
  • Drach, Jean-Paul, Tristan Tzara, l’homme qui inventa la révolte, Hazan, 2014.