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PLACE AUX POÈMES

LIVRE ZOOM

43- ZOOM RILKE

LE LIVRE ZOOM


Les zooms ont utiles pour la promotion et la diffusion de la poésie , ils sont utiles à ceux qui les rédigent (les auteurs invités au dépôt peuvent soit rédiger eux-mêmes des zooms avec l'aide de l'intelligence artificielle Mistral, la mieux préparée à cette tâche, soit proposer un zoom sur le ou les poètes de leur choix dont Pierre Lamarque se chargera de la rédaction assistée par intelligence artificielle), ils sont utiles aussi à ceux qui les lisent. ils apportent un éclairage direct sur les poètes en présentant cinq poèmes significatifs du style de l'auteur dans leur disposition originale. Ils permettent de mieux situer, mieux connaître l'oeuvre d'un auteur; d'y pénétrer, et ainsi de pouvoir pénétrer plus avant... dans notre monde réel. Les zooms nous permettent d'aimer... des gens - les poètes sont des gens, parfois des gens que nous n'aimions pas, surtout parce que nous n'avions pas compris ces gens... Apprendre à connaître les gens c'est apprendre à les aimer ou à les haïr, ou les deux. La poésie c'est d'abord, avant tout, l'expression et la réception de l'affectivité des gens, de tous ces gens qui sont attirés par la poésie comme par un aimant.


L’intelligence artificielle, comme Mistral, n’est pas un substitut à la sensibilité humaine, mais un outil moderne qui permet d’approfondir les recherches, d’affiner les analyses, et de libérer du temps pour l’essentiel : la rencontre avec les textes et les auteurs.


Les Zooms ne sont pas des objets figés, mais des invitations à un dialogue, une manière de construire une communauté autour de la poésie, où chacun peut apporter sa pierre à l’édifice.


Dans un monde où l’attention se fragmente, les Zooms sont une manière de résister : résister à l’oubli des poètes, résister à la standardisation des goûts, résister à l’idée que la poésie serait un luxe réservé à une élite.


Pour moi, ces Zooms sont une manière de transmission, une manière de passeur, une manière de rendre hommage à ceux qui m’ont appris à entendre le monde autrement – une manière de partager la danse avec d’autres, comme on tend ses deux mains dans une sardane.


PL



Zoom sur Rainer Maria Rilke


Présentation


Rainer Maria Rilke (1875–1926) est un poète autrichien, considéré comme l’un des plus grands lyriques de la littérature mondiale. Son œuvre, marquée par une quête spirituelle et une sensibilité extrême, explore des thèmes comme la solitude, la mort, l’amour, et la beauté. Rilke est célèbre pour ses recueils Les Élégies de Duino et Les Sonnets à Orphée, ainsi que pour ses Lettres à un jeune poète, où il développe une philosophie de l’art et de l’existence.


Thèmes majeurs :

  • La quête de l’absolu et la confrontation avec le divin.
  • La solitude et la mélancolie, comme conditions de la création.
  • La nature et les objets, porteurs de sens et de mystère.
  • L’amour et la mort, comme forces complémentaires.


Style : Rilke utilise un langage poétique dense et musical, où chaque mot est choisi pour sa résonance et sa précision. Ses poèmes sont souvent métaphysiques, mêlant réalisme et symbolisme.


Cinq poèmes complets en allemand et leurs traductions françaises


1. « Der Panther » (Le Panther)

Source originale :


Texte original (allemand)

Sein Blick ist vom Vorübergehn der Stäbe so müd geworden, dass er nichts mehr hält. Ihm ist, als ob es tausend Stäbe gäbe und hinter tausend Stäben keine Welt.

Der weiche Gang geschmeidig starker Schritte, die sich im allerkleinsten Kreise dreht, ist wie ein Tanz von Kraft um eine Mitte, in der betäubt ein großer Wille steht.

Nur manchmal schiebt der Vorhang der Pupille sich lautlos auf -. Dann geht ein Bild hinein, geht durch der Glieder angespannte Stille - und hört im Herzen auf zu sein.


Traduction française

Son regard, las de tant de barres qui passent, ne retient plus rien. Il lui semble qu’il y a mille barres, et derrière les mille barres, aucun monde.

Le pas souple et puissant qui tourne en rond, dans un cercle infiniment petit, est comme une danse autour d’un centre, où, engourdi, un grand vouloir se tient.

Parfois seulement, le rideau de la prunelle s’ouvre en silence. Alors une image entre, traverse le silence tendu des membres – et s’éteint dans le cœur.


2. « Herbsttag » (Jour d’automne)

Source originale :


Texte original (allemand)

Herr: es ist Zeit. Der Sommer war sehr groß. Leg deinen Schatten auf die Sonnenuhren, und auf den Fluren laß die Winde los.

Befiehl den letzten Früchten voll zu sein; gib ihnen noch zwei südlicher Tage, dränge sie zur Vollendung hin und jage die letzte Süße in den schweren Wein.

Wer jetzt allein ist, wird es lange bleiben, wird wachen, lesen, lange Briefe schreiben und wird in den Alleen hin und her unruhig wandern, wenn die Blätter treiben.


Traduction française

Seigneur, c’est le temps. L’été fut très grand. Pose ton ombre sur les cadrans solaires, et sur les champs, laisse les vents se déchaîner.

Ordonne aux derniers fruits d’être mûrs ; accorde-leur encore deux jours de soleil, pousse-les vers leur accomplissement et fais monter la dernière douceur dans le vin lourd.

Celui qui est seul maintenant le restera longtemps, veillera, lira, écrira de longues lettres et dans les allées ira et viendra, agité, quand les feuilles tombent.


3. « Archaïscher Torso Apollos » (Torse archaïque d’Apollon)

Source originale :


Texte original (allemand)

Wir kannten nicht sein unerhörtes Haupt, darin die Augenäpfel reiften. Doch sein Torso glüht noch wie ein Kandelaber, in dem sein Schauen, nur zurückgeschraubt,

sich hält und glänzt. Sonst könnte nicht der Bug der Brust dich blenden, und im leisen Drehn der Lenden könnte nicht ein Lächeln gehen zu jenem Zentrum, wo die Zeugung lag.

Sonst stünde dieser Stein entstellt und kurz, unter der Schultern durchsichtigem Sturz und flimmerte nicht so wie Raubtierfelle;

und bräche nicht aus allen seinen Rändern aus wie ein Stern: denn da ist keine Stelle, die dich nicht sieht. Du mußt dein Leben ändern.


Traduction française

Nous ne connaissions pas sa tête inouïe, où les pommes des yeux mûrissaient. Pourtant, son torse brille encore comme un candélabre, où son regard, simplement tourné vers l’arrière,

se tient et rayonne. Sinon, la courbe de la poitrine ne t’éblouirait pas, et dans le lent mouvement des hanches, un sourire ne se dirigerait pas vers ce centre où gisait la procréation.

Sinon, cette pierre serait difforme et courte, sous la chute transparente des épaules, et ne scintillerait pas comme une fourrure de fauve ;

et n’éclaterait pas de tous ses bords comme une étoile : car il n’y a pas un endroit qui ne te voie. Tu dois changer ta vie.


4. « Die erste Elegie » (Première Élégie de Duino)

Source originale :


Texte original (allemand) (extrait)

Wer, wenn ich schriee, hörte mich denn aus der Engel Ordnungen? und gesetzt selbst, es nähme einer mich plötzlich ans Herz: ich verginge von seinem stärkeren Dasein. Denn das Schöne ist nichts als des Schrecklichen Anfang, den wir noch grade ertragen, und wir bewundern es so, weil es gelassen verschmäht, uns zu zerstören. Ein jeder Engel ist schrecklich.


Traduction française (extrait)

Qui, si je criais, m’entendrait parmi les ordres des Anges ? Et même si l’un d’eux me prenait soudain contre son cœur : je périrais de son existence plus forte. Car le Beau n’est rien que le commencement du Terrible, que nous supportons encore à peine, et nous l’admirons tant parce qu’il dédaigne de nous détruire. Chaque Ange est terrible.


5. « Der Schauende » (Le Regardant)

Source originale :


Texte original (allemand)

Ich sehe dich in allem, was ich sehe, in jedem dunklen und in jedem hellen Tag. Und wenn ich nicht dich sehe, sehe ich das, was du mir verdeckst, um dich zu zeigen.

Alles ist wie ein Vers, den du mir sagst, alles ist nur ein Wort von deiner Stimme, das mich durchdringt mit deiner ganzen Stimme, wenn ich es höre, selbst im Stillen.


Traduction française

Je te vois en tout ce que je vois, dans chaque jour sombre et dans chaque jour clair. Et si je ne te vois pas, je vois ce que tu me caches pour te montrer.

Tout est comme un vers que tu me dis, tout n’est qu’un mot de ta voix, qui me pénètre de ta voix entière, quand je l’entends, même dans le silence.


Bibliographie




Pour aller plus profondément dans l'étude de l'oeuvre de Rilke :

https://www.poetryfoundation.org/poets/rainer-maria-rilke