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PLACE AUX POÈMES

LIVRE ZOOM

24 - ZOOM COCTEAU

zoom sur jean cocteau


jean cocteau était un homme qui vivait à cheval entre les mondes : celui des salons parisiens et celui des mythes antiques, celui des avant-gardes futuristes et celui des contes populaires, celui de la lumière et celui des ombres. il a touché à tout — poésie, théâtre, cinéma, dessin, ballet — comme si chaque art était une porte entrouverte sur un mystère. ses poèmes ne racontent pas, ils incantent. ils sont faits de jeux de mots, de miroirs, de métamorphoses, comme si la réalité n’était qu’un décor de théâtre prêt à s’effondrer pour révéler quelque chose de plus vrai et de plus étrange.

il écrivait avec la légèreté d’un funambule et la précision d’un horloger. ses vers sont des pièges où les mots changent de sens, où les images se reflètent les unes dans les autres, où le quotidien bascule dans le fantastique. il parlait d’amour, de mort, de beauté, mais toujours avec un sourire en coin, comme s’il savait que tout cela n’était qu’un rêve dont on ne se réveille jamais tout à fait. ses poèmes sont des énigmes offertes au lecteur, des sortilèges qui se défont au moment où on croit les saisir.


le potomak


un fleuve coule en moi que les villes ont salué les ponts ont enchanté les forêts ont bercé

un fleuve coule en moi dont les sources sont mes yeux quand je pleure il grossit quand je ris il s’assèche

un fleuve coule en moi qui me porte où je vais et qui m’emporte aussi là où je ne veux pas



la dame blanche

une dame en blanc passa dans le noir son ombre était blanche et son cœur aussi

elle tenait à la main une rose blanche et ses lèvres étaient plus blanches que la rose

elle me dit : « viens » et je la suivis dans la nuit blanche où tout était blanc



les mariés de la tour eiffel

ils se sont mariés sur la tour eiffel lui en habit noir elle en robe blanche le vent soufflait leurs vœux en l’air comme des cerfs-volants

les invités étaient des nuages le prêtre un rayon de lune et quand ils se sont embrassés paris s’est éteint


le fantôme de marat

marat est mort dans son bain mais son fantôme y reste il écrit avec du sang sur les murs de la salle de bain

il écrit : « la révolution n’est pas un dîner de gala » et les servantes effacent ses mots en sang séché


la machine infernale

la machine infernale tourne et broie les jours en farine les nuits en poudre d’or les rêves en fumée

elle grince elle craque elle tousse elle s’arrête et dans le silence qui suit on entend battre un cœur


bibliographie sélective



œuvres poétiques :

  • Le Cap de Bonne-Espérance, 1919.
  • Poésies 1917-1920, Gallimard, 1920.
  • Opéra, 1927.
  • Plain-Chant, 1923.
  • Poèmes 1916-1953, Gallimard, "Poésie", 1954 (réédition augmentée).

en français (éditions récentes) :

  • Œuvres poétiques complètes, Gallimard, "Bibliothèque de la Pléiade", 1999.
  • Poésies, Gallimard, "Poésie", 2003 (édition poche).
  • Le Potomak, suivi de Plain-Chant, Éditions Fata Morgana, 2005.

essais et autres écrits :

  • Le Secret professionnel, 1922.
  • Le Grand Écart, 1923.
  • Le Mystère laïc, 1928.
  • Journal 1942-1945, 1989.

biographies et études critiques :

  • Jean Cocteau, de pierre bergé, Gallimard, 1993.
  • Cocteau, de claudine brelet, Éditions du Seuil, 1996.
  • Jean Cocteau, une vie de poète, de dominique marnier, Éditions Tallandier, 2016.
  • Cocteau, l’enchanteur, de michel winock, Gallimard, "Découvertes", 2016.

pour aller plus loin :

  • Jean Cocteau, œuvres cinématographiques complètes, coffret DVD, Éditions Carlotta, 2013.
  • Cocteau, le passé défini, documentaire de pierre-andré boutang, 1991.
  • Cocteau, l’œuvre graphique, catalogue raisonné, Éditions de la Différence, 2007.