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PLACE AUX POÈMES

LIVRE ZOOM

60 - ZOOM PENNEQUIN

ZOOM : CHARLES PENNEQUIN (1965–)


TEXTES



a. Extrait de Le Père ce matin (1997)



*« Le père ce matin il a pas dit bonjour il a pas dit merci il a pas dit pardon

il a pas dit je t’aime il a pas dit je te hais il a pas dit je suis là il a pas dit je m’en vais

il a pas dit je suis fatigué il a pas dit j’ai mal il a pas dit j’ai peur il a pas dit j’ai faim

il a pas dit je suis un homme il a pas dit je suis un père il a pas dit je suis un fils il a pas dit je suis un mort

il a pas dit je suis un vivant il a pas dit je suis un rêve il a pas dit je suis un cri il a pas dit je suis un silence

il a pas dit il a pas dit il a pas dit. »*



b. Extrait de Dedans (1999)


*« Dedans y’a des cris y’a des rires y’a des pleurs

dedans y’a des trous y’a des murs y’a des peurs

dedans y’a des mots y’a des maux y’a des morts

dedans y’a des vivants y’a des absents y’a des présents

dedans y’a des silences y’a des violences y’a des espérances

dedans y’a des corps y’a des cœurs y’a des décors

dedans y’a du sang y’a du vent y’a du temps

dedans y’a moi y’a toi y’a nous. »*



c. Extrait de Bibi (2002)


*« Bibi il est né dans un trou il a grandi dans un trou il vit dans un trou il mourra dans un trou

Bibi il parle avec des trous il rit avec des trous il pleure avec des trous il chante avec des trous

Bibi il marche avec des trous il court avec des trous il tombe avec des trous il se relève avec des trous

Bibi il aime avec des trous il hait avec des trous il rêve avec des trous il se tait avec des trous

Bibi il est un trou il est plusieurs trous il est tous les trous il est le trou. »*



d. Extrait de La Ville est un trou (2007)


*« La ville est un trou où on tombe où on se perd où on se trouve

la ville est un trou où on crie où on rit où on meurt

la ville est un trou où on aime où on hait où on fuit

la ville est un trou où on parle où on se tait où on ment

la ville est un trou où on est seul où on est plusieurs où on est personne

la ville est un trou où on est vivant où on est mort où on est rien

la ville est un trou et moi je suis dedans et moi je suis dehors et moi je suis le trou. »*

``

e. Extrait de Petite bande (2021)


*« On est une petite bande on est une grande bande on est une bande de fous on est une bande de sourds

on est une bande de muets on est une bande de aveugles on est une bande de boiteux on est une bande de bossus

on est une bande de vivants on est une bande de morts on est une bande de riens on est une bande de tout

on est une bande de mots on est une bande de cris on est une bande de silences on est une bande de rires

on est une bande de peurs on est une bande d’espoirs on est une bande de colères on est une bande d’amours

on est une bande de trous on est une bande de murs on est une bande de portes on est une bande de cœurs

on est une bande on est une bande on est une bande on est. »*


PRÉSENTATION


Charles Pennequin, né en 1965 à Cambrai, est un poète-performer, dessinateur, et artiste total, dont l’œuvre explose les frontières entre poésie, théâtre, musique, et arts visuels. Ancien gendarme, il se tourne vers l’écriture et la performance dans les années 1990, après avoir rencontré Christian Prigent et le milieu de l’édition underground. Son travail, à la fois brut et subtil, violent et tendre, se caractérise par une improvisation constante, une présence physique intense, et un refus des conventions littéraires.


Poétique et singularité :

  • La poésie comme performance : « La poésie partout, tout le temps et avec tout le monde. » Pennequin ne sépare pas l’écriture de l’oralité : ses textes sont faits pour être criés, gesticulés, performés avec un mégaphone, un dictaphone, ou simplement une voix qui déchire l’espacecentrepompidou.fr+1.
  • Le corps comme instrument : « Avec sa voix en guise de marteau-piqueur. » Il utilise le souffle, le rythme, la répétition, et le mouvement pour transformer chaque lecture en événement physiquelespressesdureel.com+1.
  • L’improvisation comme méthode : « La question de l’improvisation n’est pas d’abord formelle, mais correspond à la question même du langage. » Ses textes naissent dans l’instant, souvent en public, sur des rouleaux de papier, dans des voitures, ou en marchantfr.wikipedia.org+1.
  • Le refus du lyrisme et de la subjectivité : « Interprétation = mensonge. » Pennequin détruit les poses, joue avec les clichés, et fait de la poésie un acte collectif, où le « je » devient un « on »philo-lettres.fr+1.
  • L’hybridation des genres : Poésie, dessin, vidéo, musique, tout se mêle dans une œuvre qui défie les catégories et invente ses propres règleslespressesdureel.com+1.

Thèmes majeurs :

  • Le trou comme métaphore : « La ville est un trou. » Pennequin explore les vides, les manques, les silences, et les failles comme espaces de créationsitaudis.fr+1.
  • La famille et l’enfance : « Le père ce matin. » Il écrit sur les absences, les non-dits, les violences, avec une tendresse brutalebabelio.com+1.
  • La colère et la résistance : « Une bande de fous. » Son œuvre est un cri contre l’aliénation, une fête de la rébellion, et une célébration des marginauxinferno-magazine.com+1.
  • Le langage comme matière vivante : « Les mots sont des trous. » Il démonte et remonte les phrases, joue avec les sons, et fait de chaque mot un actecharles-pennequin.com+1.

Style et écriture :

  • Une syntaxe répétitive et hypnotique : « Dedans / y’a des cris / y’a des rires. » Ses textes martèlent, insistent, et créent un rythme obsessionnel.
  • Un lexique simple et brut : « Bibi / il est un trou. » Pas de métaphores compliquées, mais des mots-concrets, des images directes, et une langue qui cogne.
  • L’oralité comme arme : « On est une bande de cris. » Ses poèmes sont faits pour être hurlés, chantés, ou murmurés comme des incantationsfranceculture.fr+1.

Activités parallèles :

  • Performances : Lectures avec mégaphone, happenings, collaborations avec des musiciens (Jean-François Pauvros, Thierry Aué).
  • Dessins et vidéos : Carnets, affiches, installations, où texte et image se mêlent.
  • Éditions et revues : Fondateur de Prospectus, Facial, et collaborateur de Nioques, Java, Action Poétique.

Récompenses et reconnaissance :

  • Prix international de littérature Bernard Heidsieck (2023).
  • Figure majeure de la poésie contemporaine, étudié à l’université, performé dans le monde entierfr.wikipedia.org+1.

Citations clés :

  • « La poésie est une enquête vivante. »
  • « On est une bande de fous. »
  • « Le théâtre fige tout. La poésie, non. »

3. BIBLIOGRAPHIE COMPLÈTE


a. Poésie et performances (sélection)
  • Le Père ce matin, Carte Blanche, 1997.
  • Dedans, Al Dante, 1999.
  • Bibi, P.O.L, 2002.
  • Mon binôme, P.O.L, 2004.
  • La Ville est un trou, P.O.L, 2007.
  • Petite bande, P.O.L, 2021.
  • Je me Jette (avec DVD), Al Dante, 2004.
  • L’Armée noire (avec Quentin Faucompré), 2008.
  • Trognes de mots (livre d’artiste), 2025sitaudis.fr+2.

b. Livres d’artiste et collaborations


  • Patate (avec CD), 2000.
  • Écrans (avec Richard Meïer), 2002.
  • Lettre à J.S., Al Dante, 2001.

c. Revues et éditions


  • Prospectus, Facial, Nioques, Java.


d. Références en ligne